Un État monarchique — avec les larbins utiles à l’administration et à la justice — faisant fi de la séparation des pouvoirs — et une Nation profondément républicaine — une attente de part et d’autre — cultivant les peurs, les menaces, les douleurs — oubliant l’influence sur l’esprit — concentrant toute l’énergie dans l’exercice du pouvoir et le maintien de l’ordre — le grand meurtre national n’a pas eu lieu — il manque à la conscience — et les conversations ne vont pas plus loin que la domesticité nécessaire — une vigilance jalouse s’installe — dénonce l’écart — ne mesure plus les différences — brise les destins dans le silence — quitte à oublier la question de l’esprit — larbins pullulant dans les bureaux, au coin des rues, sur les plages, entre les livres — cette race particulière de l’espèce — formée pour trahir — pour ne pas sombrer dans la mélancolie — pour garantir les conditions de l’héritage — mécanisme conçu pour éviter la guerre civile — et elle n’a pas lieu ! — la crasse ne surnage pas comme dans les égouts — elle s’enfouit — les privilèges à la place du droit — les recommandations pour pallier la trop grande évidence du choix — l’autorisation là même où la liberté se cherche encore — l’honneur pour masquer le défaut de courage et de fidélité — pour créer des confréries sur le cadavre glacé de la fraternité — étageant des fonctions à la place des métiers utiles à l’existence de tous les jours — et trouvant ces hommes, ces femmes, ces chiens, ces salauds — les trouvant à la pelle — parce que l’instinct de survie ne reconnaît pas les lieux d’une république assumée — et que les promesses sont comme la pluie — il faut lever le nez pour regarder les nuages — et ressentir ce vertige à la fois moral et esthétique — où la connaissance se perd en conjectures — magistrats infantilisés — rendant toute action suspecte — tandis que les jeux de l’enfant reviennent en force — au travail comme en vacances — l’homme réduit à une impasse où son esprit peut habiter — et surtout cohabiter — « président des Français » disent les présidents — sur le trône éphémère de la même reconnaissance — agités par les rumeurs de l’Histoire — et perdant un temps précieux à enseigner l’important au détriment des raisons de l’entropie ressentie — l’hypocrisie catholique au fond — avec le mensonge comme faute mineure et la confession pour se soulager l’esprit — l’un répondant en écho au désir de démocratie et l’autre — personnifié — garantissant un emploi à vie !