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Temps subjectif, temps objectif
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 Article publié le 9 juin 2013.

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Au quotidien, lorsque nous nous acquittons des différentes tâches qui nous incombent, la pendule ou l’horloge avance dans un rythme que l’on peut qualifier de commun. Nous avons l’impression de vivre, à peu de choses près, le même temps. Nous sommes dans le même temps : se ravitailler, se rendre au travail, se déplacer, se reposer…

Conjointement, ce temps est subjectif sans la mesure où chacun le vit à sa manière, selon sa propre appréhension du segment ou de l’horaire en question. On peut évoquer, également, le temps de l’étude ou du divertissement, les amphithéâtres et les salles de concert étant le réceptacle d’une concentration commune, d’un émerveillement commun. Conjointement, aussi – et tandis que les mois et les années s’écoulent invisiblement, immatériellement, sans le moindre bruit – s’élabore l’oeuvre de l’écrivain, dans une temporalité fortement subjective. Cette temporalité se situe non pas à l’extérieur du monde mais parallèlement à celui-ci, et sa texture très personnelle tient surtout à l’appropriation du temps par l’écrivain lui-même. Chronos est entièrement domestiqué par le travail de l’écrivain, divisé en segments de lecture, d’écriture, de corrections, à nouveau de lecture ...

une partie du temps étant consacrée, apparemment, à ne rien faire ...à moins qu’elle ne soit destinée à spéculer, et ce en dépit de l’auteur lui-même…

Deux ou trois ans consacrés à un chapitre de l’oeuvre, puis une pause qui s’intercale … ou s’impose … et ensuite, c’est une reprise qui s’opère, avec des évolutions, tant dans la forme que dans le fond, pendant que le monde, lui, continue de tourner ...lentement…

Parfois, le temps subjectif et le temps commun se rejoignent, lorsque la décision de l’auteur se confond avec les événements. Exemple ? Lorsque Guillaume Apollinaire s’engage volontairement dans la Grande guerre, ce qui lui vaudra quelques stigmates. A l’inverse, ils se détachent lorsque l’artiste, en l’occurrence Piet Mondrian, s’éloigne à chaque fois des deux grands conflits mondiaux, considérant tout simplement que sa tâche ou mission picturale est plus importante que les affaires du monde, jusqu’à transformer son appartement new-yorkais en atelier de peinture habitable où chaque chose est à sa place, dans un ordre rigoureux, aussi rigoureux que ses toiles.

Pendant les heures de bureau, l’écrivain est rivé à son bureau, pendant les heures d’affluence ou de trafic, il marche énergiquement dans les bois, pendant la retransmission des cérémonies, il contemple le monde, et d’abord la lente et inexorable progression du disque dans le gigantisme de l’azur, là, au-dessus de l’océan en constante ondulation, tandis que le vent, lui, érode les dunes et accentue la descente de l’écume … jusqu’à ce qu’une nouvelle vague se forme, dans le champ oculaire d’autres visiteurs, d’autres promeneurs…

 

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