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Goruriennes (Patrick Cintas)
Une fraction de seconde avant l’explosion de la haine

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 Article publié le 21 octobre 2013.

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Il y avait deux hommes en lui : un type assez intelligent pour survivre sur le dos des autres qu’il trahissait et un con qui se demandait s’il avait cet air intelligent qui n’allait pas bien avec la couleur de sa peau. Le genre de type raciste qui se demande pourquoi les animaux ont quatre pieds et les hommes seulement deux, oubliant que les mains, ça sert pas qu’à se servir d’elles comme on a envie.

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L’écran recevait en direct différé les images panoramiques du Memory Shoe Business qui était en liesse à l’heure où je vous parle librement. Des prisonniers du boulot envoyaient de l’air dans la statue de papa qui continuait de gonfler dans une ambiance préparatoire à couper avec les cils. C’était peut-être une Boucle Exhaustive Hier-Demain comme on en voyait dans les hallucinations supercommerciales de l’Enfance au Service de la Conservation Pratique de la Planète. Sans le hublot qui montrait la superposition Lune-Étoile du berger — lune en phase ascendante et étoile à la verticale de ce qui semblait être l’Axe du Ciel en période de Vacances Industrielles Revue par le Patronat —, sans cette vision somme toute poétique qui envahissait le hublot, j’aurais eu des pulsions autodestructrices et j’en aurais bavé avec le Système Sauvez-les du Néant et ses pratiques d’un autre âge.

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On s’éloignait à la vitesse de la lumière croissant dans l’au-delà et j’avais des visions dantesques à couper le poil au ras d’la peau. Je faillis m’escaner à cause d’un débris étranger à la recette du riz aux crustacés de la première génération, des crustacés avec l’envie de forniquer quand c’est l’heure, un met de choix après le caca d’hirondelle des faubourgs et l’extrait de Hottentot au panaris universel. J’en aurais, de ces sommets de la Gastronomie Philosophique Extérieur-Intérieur, si j’apportais mes connaissances secrètes sur un plateau que j’avais intérêt qu’y soye au moins d’argent, sinon j’étais bon pour la rigole et ses infestations humanodomiciliaires. Ah ! J’étais dans la mouise jusqu’aux glandes mammaires, incapable de réagir comme un diplômé des Grandes Écoles et pas loin de ressembler à un valet d’ferme qui swingue constamment dans le foin.

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Une douleur infâme m’obligea à me servir du p’tit robinet qui réagit au quart de tour, pétaradant dans le foutre et les conditions précaires d’une existence qui finirait par s’en prendre à l’enfance avec la même fatalité de l’injustice et du dégoût. J’voyais pas sa gueule de camé au sucre, mais je l’imaginais pas sans la grimace du plaisir qui s’accroche à la transe avec le triste espoir d’en finir avec la merde organojudiciaire qui décide à la place de la vie. Un pauvre gosse comme je l’avais été, contrairement à John Cicada qui avait été heureux pendant que ses congénères se branlaient avec du savon d’Marseille. Un détail de mon anatomie fictionnelle qui figurait pas dans mon dossier d’embauche. Ah ! J’sais pas si j’ai bien fait d’vous révéler que j’suis que l’remplaçant, pas l’original, des fois qu’il vous vienne à l’idée d’en parler avec les autorités compétentes. Mais ça vous servirait à quoi de pas aller au bout de ce bouquin ? Vous en parlerez un jour à vos enfants quand y s’ra temps de passer au jeu et à ses conséquences cérébrales.

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On me promit un nid d’hirondelle avec des noix de lotus et un soupçon de sueur populaire. J’en avais l’eau à la bouche et pourtant, j’avais plus faim. Mais fallait finir et saucer avec du pain sur la planche, sans ménager le coude et l’index, comme c’était écrit dans le Grand Livre du Destin.

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Il me regarda comme si j’étais le seul responsable de ce qui lui arrivait sans moi. Il voyait que j’avais moi aussi des problèmes et une existence à sauver du naufrage de la douleur et de l’ennui, mais ça l’intéressait pas que je m’aime à ce point tellement il s’aimait lui aussi.

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Papa gonflait tellement qu’on pouvait légitimement se demander si on n’était pas en train d’halluciner sans hallucinogène. Vous hallucinez comment, vous ?

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Ils étaient silencieux et somme toute aussi discrets que des carabins en stage d’application pratique du phénomène-frottis maladie-palliatif. Assis sur les gradins entre deux hublots qui consacraient papa à la postérité du succès populaire, ils se contentaient d’observer les effets de la douleur sur l’esprit et ses conséquences sur l’avenir de la chair. De temps en temps, ils priaient Jélah en se coltinant des produits consacrés, ce qui ne réduisait pas leur crédibilité scientifique. Zétaient pas assez cons pour s’laisser réduire au logotype qui ornait leurs épaulettes. Vus d’ici, ils avaient tous la même gueule, un peu de traviole à cause d’une pratique serrée du calcif. Zavez les yeux gorgés d’un liquide gorurien coupé de tendances racistes. Ils buvaient le cocktail neurone-expansion de l’univers qui était à la mode parce qu’on avait envie d’améliorer la qualité de la foi avec des preuves textuelles postlisibles. Leurs doigts étaient contrôlés directement par une annexe de la Cour de Cassation qui cassait pas des manivelles question justice, mais qui s’appliquait parfaitement à l’esprit de conservation des Biens de l’Humanité, nourrissant leur Chronique avec des fables qui n’étaient rien d’autre que ce qu’on voulait savoir et donner en héritage.

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Je les prévenais de l’ambiguïté nation-sexe avec les mots de la tribu, prêt à sauter le pas de la chanson, voire du poème, si les conditions étaient réunies pour passer à des actes secrets destinés à pourrir la mémoire et le temps qui passe parce qu’on est condamné à en reproduire les détails nourriciers de la confession.

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C’était l’moment d’serrer les dents entre elles sans se prendre la langue ni l’intérieur des joues, une pratique réputée facile dans le Monde des bons élèves et des malades guérissables, mais que le caractère irréductible des méthodes de transformation rend à peu près aussi commode que le yoyo en apesanteur ou le doigt dans l’cul en période de chiasse.

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Ilobserva méticuleusement ce qu’on pouvait voir des deux flancs de montagne qui descendaient des nuages noirs. Il connaissait le bruit d’échappement des molahmobiles. Il avait vécu un envahissement lors d’un séjour putoludique au Bahrayn où il s’essayait à dépenser de l’argent public. Les molahmobiles craignaient la chaleur, pas le froid, d’après lui. Ça les rendait terriblement efficaces en période blanche. La Presse parlait d’un envahissement par élimination systématique des principes fondateurs de la Cité. On voyait des Iraniens partout, même dans les crèches où ils se trahissaient par l’usage de la seringue et de la corde à nœuds.

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Le sas était resté ouvert des fois que l’urgence nous inspirerait une bousculade dans l’odeur de l’urine. Partout, Gor Ur régnait en maître du temps qu’il fait, le seul temps à prendre en considération si on avait l’intention de survivre au temps qui passe qui était le temps des minus habens et des pleureuses qu’on soulageait régulièrement de leur fardeau. J’avais pas été cet enfant…

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— Qu’est-ce que vous mangez, vous ?

— Des clopinettes la plupart du temps parce que je m’suis fait avoir par la passion du voyage circulaire. Mais ça m’arrive de goûter à des mets tellement bons que j’suis pas capable de les apprécier à leur juste valeur.

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Il fallait que je répondisse à la question qui conditionnait la suivante, peut-être une fraction de seconde avant l’explosion de la haine.

 

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