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 Article publié le 23 février 2014.

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Le babil de l’eau dans les roches moussues ou bien le grondement des eaux furieuses déjà souterrainement rassemblées : sources de la Loue ou du Doubs en terre franche pour ne nommer que celles-là, voilà ce qui depuis l’enfance retient l’œil de mon souvenir et de ma rêverie.
Ce qui frappe à leur approche, c’est la fraîcheur qui émane de leurs parages. Une odeur de bois mort flotte aussi dans l’air vivifié par les eaux courantes. La forêt fait partie des lieux, elle est l’écrin vert ou noir de ces eaux froides.



Fouiller dans un fond ancestral ou subliminal, à la rigueur, mais alors en toute innocence, au petit bonheur la chance. Nous ne sommes pas folkloristes.
Le musicien ne puise pas dans un fond des possibles tout constitué qu’il lui suffirait de débusquer puis d’exploiter. C’est sa pratique instrumentale qui lui fait entrevoir des possibles qu’il systématise dans ses compositions.
Tout choix est heureux-malheureux : il met sur une voie en inclinant à négliger les autres.
Si le bonheur consistait à maintenir ouvert l’infini des possibles, alors l’art serait un grand malheur. Mais de même qu’une personne qui mange à sa faim ne rêve pas d’avoir tous les plats possibles et imaginables sur sa table, de même le musicien sillonne une quantité limitée de possibles qui suffisent à satisfaire son appétit d’infini.



Ecrire n’engage à rien, ne lie pas.
Les conséquences peuvent être désagréables : malentendu, critique malveillante, idiote, censure d’état, emprisonnement, torture, mise à mort.
Bref, être mal compris ou réduit au silence.



Je connais la porte de sortie. Je ne l’emprunte pas, ne l’indique à personne, me navre de la savoir ouverte à qui vient l’envie d’aller voir au-delà.



Je ne suis pas enchanté à l’idée de reprendre le cours normal des choses, mais j’en fais mon affaire.



Ce poète rend un son qui ne me convient pas. Il sonne faux tout du long.
Il maîtrise bien sa machine à mots. Ne parlons pas d’instrument.
Il ignore la guitare et sa voix est rauque.
Quelque chose de fêlé, de mort traîne dans ses mots. Il n’épuise pas son lecteur, il l’agace, le titille, lui mord l’oreille.
Il ne maîtrise pas sa partition. Il ne peut maîtriser ce qu’il ne possède pas. Et rien ne l’obsède. Poète obnubilé par son nombril.



Le croc en jambe que me fit le nain de jardin dans le rêve d’hier, voilà que je rêve de le dupliquer en l’appliquant à ce sot présage qui encombrait le rêve en train de se défaire. Mais il est trop tard : le rêve s’est dissipé. Impossible revanche.



Tu martelais sans peine la nacre des jours, gobais au passage l’huître perlière. C’était comme si, devenu, vague après vague, la mer immense, tu l’avalais tout entière.



La main sur le cœur, la tête sur les épaules.
Cet homme au port de tête si étrange, comme si son chef s’exerçait à regarder par-dessus l’épaule d’un gêneur dans une foule en liesse assistant à quelque parade nuptiale.

Jean-Michel Guyot
16 février 2014

 

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