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Article publié le 2 mars 2014. oOo Ce sont les contraires qui forment le mouvement. Lorsque au Ier siècle avant notre ère, un certain Jules César décide de conquérir la Gaule, grande contrée largement méconnue, les légions et leur discipline se trouvent embarquées dans une sorte de voyage ethnologique plein de charme et de surprise. La supériorité de leurs armes, de leur entraînement, la puissance de leur cohésion ne laissent la moindre chance à ces multiples tribus aux cheveux longs, guidées par les druides. A la Renaissance, c’est en quelque sorte un bis repetita, les Grandes Découvertes matérialisant l’extension géographique de l’Europe à travers les expéditions maritimes espagnoles. Les civilisations amérindiennes – Aztèques et Incas – sont rapidement colonisées, assurant l’hégémonie à l’Espagne, véritable coffre-fort du métal précieux. Cet élargissement du monde avec la découverte de peuples absents de la Bible engendrent beaucoup de questionnements chez les Européens, des interrogations à l’origine, notamment, de la pensée humaniste. Quelque temps plus tard, au XVIIe siècle, les embarcations de bagnards, de protestants et de haires fuient l’Europe, se dégagent du Vieux continent pour fonder le nouveau : les Etats-Unis d’Amérique. La conquête de l’Ouest décime les Indiens et leur civilisation. Ce continent devient la terre promise où tout est possible. C’est en quelque sorte un vaste projet commercial à l’intérieur duquel rayonnent de nouvelles libertés individuelles qui voient le jour et qui domine l’Histoire. En littérature, dans les années 1910, un certain Marcel Proust invente la narration ouverte, déroutant les critiques de l’époque dont l’académisme est ébranlé par tant de forces nouvelles à base de mémoire, de souvenirs et de fantasmes entremêlés, sous la forme d’une structure narrative inédite, reflet d’une œuvre sans fin. Et dans les années 50, au sortir de la guerre, les écrivains du Nouveau roman vont encore plus loin dans la subjectivité narrative, en partie inspirée par les ruines de l’Europe, sur lesquelles il faut bâtir, mais bâtir … à nouveau. La petite histoire ou le schéma traditionnel est évacuée, au profit de la question littéraire, au profit de la narration en train de se faire. Le roman et le théâtre son réinventés, sous les plumes d’Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Samuel Beckett et Nathalie Sarraute. Le jeu de la contradiction, donc, est porteur d’un dépassement, il garantit, aussi, la dynamique du mouvement. La narration ouverte contre la petite histoire … L’abstraction contre le figuratif … L’écriture à la première personne contre l’écriture à la troisième personne … Dans le même temps, la construction des œuvres ou empires littéraires se fait à travers une multiplicité d’influences qui n’ont pas toute la même essence. Même si l’exigence peut être leur dénominateur commun. Et l’auteur, ainsi, avance dans son œuvre, mû par des forces plurielles, des forces parfois opposées, à l’origine même du moteur de la création. |
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