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Article publié le 11 mai 2014. oOo poésie des conversations : ici bas : la rue en conserve précieusement la mémoire :
de quoi ? mais à manger monsieur !
laisse tomber il mange à sa faim
voyez la crotte que je viens de faire en avez-vous vu de plus petites
si vous ne buviez pas autant
mais je ne bois pas madame
n’ai-je pas droit à cet air
et que vous pourrissez
l’inutile et l’agréable
un peu de vin ne lui fera pas de mal
un peu peut-être mais beaucoup
monsieur est bien aimable de penser à moi pas facile de penser aux autres quand madame exige qu’on lui achète tout ce qui lui vient à l’esprit
ah dites donc espèce de parasite
monsieur notera que le mal ne vient pas de moi
vous feriez bien d’aller chercher une autre bouteille
ces parasites nous pourrissent la vie
ma crotte est si petite madame
tu vas le laisser m’insulter là sans rien faire sinon lui donner de quoi se payer de quoi continuer de quoi
madame a besoin de respirer monsieur supporte-t-il ces salopes qui écrivent pour ne rien dire et qui voudraient qu’on les encense dans les journaux et à la télé
« monsieur » n’est pas venu pour ça prenez et allez vous acheter une bouteille et buvez à ma santé
je ferai comme dit monsieur le médecin un verre ne peut pas me faire ce mal qu’on me reproche tous les jours sur le trottoir qui me salit
nous avons autre chose à faire viens toi laisse-le pourrir crois-tu qu’il mérite autre chose
conversations sans profondeur d’un côté comme de l’autre elles se nouent et se dénouent sous ma fenêtre les jours de pluie quand la rue n’est plus que traversée en vitesse parcourue jusqu’au bout jusqu’à ce qu’on atteigne son but
monsieur sait bien que je suis malheureux monsieur possède la médecine bonne pour les Peaux-Rouges la trousse de monsieur ne contient pas que les bijoux de madame et les actions de papa monsieur n’aime pas la pluie il court plus vite que moi ah si monsieur savait comme je suis malheureux
nous perdons notre temps à recueillir ces rythmes nécessaires
je comprends que monsieur soit pressé les dames sont si jolies quand on peut les posséder sans débourser un rond monsieur soigne-t-il encore les petites blessures d’amour propre j’en vois une qui ne saigne plus mais qui forme une vilaine saillie sur la peau que monsieur soigne tous les jours avec sa médecine
donne-lui ce qu’il veut et partons
nous ne saurons jamais ce qu’est la poésie nous n’avons pas le sens de la conversation ce qui est construit ici n’existe pas ailleurs donnez-moi le pain qui nourrit les autres et je vous dirai si c’est de la poésie
ou de la merde monsieur qui guérissez les autres il n’y a pas d’autres solutions voyez comme le vin n’en est pas une et pourtant il a son utilité si on regarde bien
viens viens viens laisse-le il n’a pas d’importance la nuit va s’achever et nous n’avons pas
madame n’a pas madame n’est pas monsieur n’a pas la monnaie mais il n’est pas avare à ce que je vois
conversations sans poésie poésie sans conversations nous tournons en rond inutiles et gourmands.
bien sûr si monsieur peut attendre sous la pluie je reviendrai pour lui rendre la monnaie car les bons comptes font les bons amis.
est-ce que les bons comptes font les bons amis madame qui êtes si pressée de vous envoyer en l’air avec ce monsieur qui n’a pas l’air de vous croire aussi pure que vous prétendez l’être chaque fois que la question vous est posée.
Le clodo avait fini de parler. La bouteille venait de voler en éclat sur sa tête. « Nina ! Tu es folle ! » |
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