« C’est fou ce que ça peut dormir
Un type qui laisse faiblir
Ses facilités cognitives
Au profit de plus lucratives
Et sociales occupations !
Je me dis que c’est la passion
Qui manque le plus à nos rêves.
Mais à la pensée rien n’enlève.
Elle devient n’importe quoi
Et ses idées sentent le moi.
Pas de marché sans égoïsme.
Lésine assurée des tropismes.
Je me sens moite quand je sors.
Les vitrines sentent la mort.
Je deviens fou sans rien en dire.
Je détruis ce que je désire,
Vendant ma force de travail.
Et quand je reviens au bercail,
Entre médias et turgescences
Filant doux d’autres complaisances,
Je me connecte et je m’endors.
Je rêve nu et sans efforts.
Je m’alimente de merveilles,
Des goélettes en bouteille
Aux fantaisies du mythe en kit.
Sur l’écran je trace des bits
Et engraisse mes folles puces
Qui au cul de mes bugs me sucent
Pour que je meure ab intestat.
Je condamne les apostats
Et les voleurs qui s’anarchisent.
Ce que je veux est en franchise
Sur tous les sites du bon prix.
Je suis celui qui a compris
Que le bonheur est dans la soupe.
Il n’est pas question que je loupe
Le chabrot de la tradition.
Je suis expert en finition
Et quand je suis plein je me couche.
Mes propres désirs j’effarouche,
Soignant mon ombre sur les murs,
Qui chasse le déléatur
Que ma conscience leur conseille.
La caméra qui me surveille,
J’en ai voté l’institution.
Je finance des commissions
Et des conseils qui moralisent.
Pas de sujet qui ne m’épuise
Et qu’à perpette je remets.
Pour récolter il faut semer,
Mais entretemps on me jardine
Dans la fiction que j’imagine,
Pas sans influences d’ailleurs.
Je ne serai pas le meilleur,
Mais je suis bon à ma mesure,
Ce qui me promet l’aventure
Avec Boeing ou bien Airbus.
De l’habens je suis le minus. »