J’ai bu le coup de l’étrier
Quelle trotte d’ici au trente
De ma rue J’ai l’âme souffrante
Si le coeur vous en dit riez
Les avenues sont sur leur trente
Et un Soigneusement triés
Meneurs de jeu ménétriers
Et troubadours que le Vert hante
Se couvrent d’encens de lauriers
De ridicule et d’amarantes
Sur un char trônent les Quarante
Autour d’un énorme encrier
Sur un autre quelques orantes
Quelques saints du calendrier
Les neuf Muses se font prier
Que crie la foule exubérante
L’arroseuse Le maire y est
Fait en araignée de Tarente
Feignant une humeur massacrante
Il chante sur un air guerrier
La reine Claude est ma parente
Le roitelet est serrurier
Mon père n’est pas vitrier
Ma mère n’est pas transparente
Ma soeur s’occupe du beurrier
Ma cousine vit de ses rentes
Mes aïeuls avaient la courante
Mon oncle élevait des poiriers
Ma vieille bourgeoise est mourante
Mon fils est un aventurier
Le facteur sème mon courrier
Mon Dieu que la vie est marrante
Fuyons comme des lévriers
Caron et sa barcasse errante
Les flots la fièvre délirante
Les pluies noires de février
Des dominos des figurantes
A cheval sur un madrier
Raillent des jeunes mariés
Mon Dieu que la vie est marrante
Mon père n’est pas vitrier
Petites masques hilarantes
Charrettes abracadabrantes
Chargées de parfums destriers
Et sales bêtes dévorantes
Eboueux et scaphandriers
Oiseleurs et becs coloriés
Passez sous ma plume pleurante
J’ai bu le coup de l’étrier
Quelle trotte d’ici au trente
De ma rue J’ai l’âme souffrante
Si le coeur vous en dit riez
1988