Retour à la RALM RALM no 102 - Catalogue du sériographe de Pascal Leray [Ecrire à Pascal Leray]
Chantier n°14 - Forumologies
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 Article publié le 19 septembre 2017.

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Années 2004-2007


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INDEX

Restauration des structures sérielles : Rien, Avec l’arc noir... Création du Sériographe industriel – Nouveaux développements d’Avec l’arc noir


WEBOGRAPHIE

Joe au soleil, CD complet
Vie et mort de Joe Dalle


BIBLIOGRAPHIE

« L’autre du poème » (essai, extrait) - MFK, n° 2, 2007
* Réflexe, 1 (poésie) - Le Chasseur abstrait éditeur, coll.
« Djinns », 2008
* Le fenestrier suivi de Variations saisonnières, auto-édition, In Libro Veritas, 2006 [retiré du catalogue]

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DICTIONNAIRE CRITIQUE

Acier (Demain l’-) *** Action (langage d’-) *** Automatisme *** Capri *** Compréhension *** Dictionnaire de rimes *** Droits d’auteur *** Erotisme *** Folie (la -) *** Gore *** Gore (et pornographie) *** Hasard *** Horreur *** Image *** Inspiration *** Lecture *** Livre *** Maladresse *** Moi *** Monochrome *** Objet de pensée *** Picasso *** Pornographie *** Poésie (structure sociale de la -) *** Rêve *** Rien *** Sens *** Série (notion de -) *** Sexualité (représentation de la -) *** Sondage *** Synthèse *** Thème *** Transgression (axe de la -) *** Univers relatifs ***


LE TIERS ESPACE DE LA POESIE

On peut être circonspect, face à la modernité technologique et devant le constat de notre inépuisable frénésie à lui donner le visage d’une prédation sans borne morale, un visage dont le caractère monstrueux se renouvellerait sans cesse. Il n’en reste pas moins que, dans l’espace poétique qui nous concerne le plus directement, l’irruption d’internet a été la clé d’une véritable libération des énergies. On conçoit encore mal cette révolution et surtout son immense bénéfice quand on regarde la petitesse parfois dramatique des "sociétés de poésie" à travers les époques.

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Espace aux liens multiples et aux réseaux ouverts, l’internet a offert aux poètes de ce début de XXIe siècle un outil de production exceptionnel : le forum.

On n’est certes plus à cette époque où il en naissait chaque semaine, presque. Il reste toutelapoesie, qui n’est sans doute pas le premier d’entre eux mais qui a traversé les époques de façon quasi miraculeuse tant le cours de son existence a connu d’épisodes critiques. Aux environs de 2005, la forumologie était une guerre permanente. Nul ne maîtrise le cours de cette épopée-là. J’ai connu pour ma part Les méandres poétiques, La fourmilière, L’établi, la Mipha... et plus lointainement le Forum bleu, qui avait la particularité de présenter les sujets et leurs réponses sous une forme arborescente qui devait convenir à d’autres mais qu’il m’était difficile d’appréhender pour ma part.

Il y a eu une flopée de forums plutôt dédiés à des acceptions traditionnelles du poème, qui se préservaient des hordes barbares qui pouvaient surgir de nulle part pour s’abattre sur l’une de ces plateformes éphémères.

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Une histoire s’est écrite en marge du monde éditorial, qui a peine à concevoir cette floraison invraisemblable. Si l’on parle de poésie contemporaine aujourd’hui, il devrait être impossible d’ignorer des écritures qui, comme celles de Yattakusu, Bissecta, Lou Milla, Guillaume Balzarini, Emmanuel Rastouil et combien d’autres dont on ne sait pas toujours ce qu’ils sont devenus, se sont appropriées cet espace informe pour rendre vie à une réalité dont le monde éditorial ne voulait plus rendre compte : la poésie en son chaos.

Il faudra rendre compte de ce que cette histoire s’est moulée dans une joute permanente, où les clans ont infiniment moins prise que dans l’espace physique et qu’elle a revitalisé à peu près tous les genres de poésie, de la lyrique postcourtoise à la chanson de marin, du poème didactique ou politique au laboratoire portatif.

Ce qui nous amène à ce paysage curieux, contemporain, où coexistent trois espaces de la poésie qui s’ignorent comme s’il s’agissait d’univers parallèle : l’ordre éditorial, qui veille sur son privilège d’être poésie sans voir que la digue a rompu, qu’il est trop tard ! pour retrouver la paisible existence d’une industrie de plaquettes de poésie économe du verbe comme de l’expérience. Le second espace, on ne doit pas l’oublier, c’est celui des sociétés locales de poésie, dont l’existence se joue presque toute entière autour du "prix de poésie". Il y en a des centaines. C’est une production généralement académique où l’amateurisme tient une place importante. Il est remarquable de voir que les gens qui font vivre ces associations se reconnaissent elles aussi dans l’univers éditorial de la "poésie reconnue". Nous sommes entrés dans un tiers espace, le plus conforme sans doute à ce que peut le poème aujourd’hui.

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L’époque des forums champignons est révolue. Mais ce n’est peut-être pas définitif. L’épuisement de cette forumologie a coïncidé avec le règne des réseaux sociaux, bien moins sociaux que l’espace même virtuel du forum à dire vrai. Il y a assurément, non loin d’ici, d’autres batailles qui se livrent, d’autres expériences qu’on ne sait encore imaginer. Ce qui demeure, c’est que le mode de communication que charrie l’internet s’offre à la fois comme un terrain d’expérimentation en constante transformation lui-même et qu’il garantit, de par sa nature de réseau de communication, l’escamotage de toutes les logiques de clan qui pourrissent l’espace social de la poésie depuis de trop nombreux siècles.


IDENTITES RYTHMIQUES (ARC FOIS ARBRE FOIS FALAISE)

L’instabilité de l’arc oblige à penser sa structure au plus près : comment s’organisent les véhicules de l’arc, dits "poèmes" bien qu’ils ne soient que des fragments d’une totalité improbable appelée "poème de 800 pages". On n’ira pas vérifier.

Un des poèmes [archers salauds ou série pire] donne une "partition exclusive". De mémoire deux séries semblables à : "arc, marque, barque, marche, arche"... Il est vrai que le mot "arc" est devenu un vecteur du poème :

L’arbre était arc en cela c’était l’arc de la corne
corne qui était une moire et le disait

Le mot "arc" est systématiquement mis en relation avec ses analogons phonologiques.

Arc, marque, barque, flaque, tour
à tour

le mot "arc" lui-même est devenu le signal implicite d’une réalité multiple qui associe la peinture de Kandinsky avec des expériences d’hallucinations, un drame d’archers s’entretuant, et la somme des analogons phonologiques qui disposent d’un degré d’intégration variable : très élevé dans le cas d’"arbre" par exemple, beaucoup moins pour ce qui concerne "arche".

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L’arc et l’arbre n’expriment guère de rapports communs : l’un n’est pas une partie de l’autre, l’existence de l’arbre n’implique pas celle de l’archer ; l’inverse n’était pas vrai tant que l’arc fut fait de bois. Les rapports entre les deux mots sont arbitraires ; l’association "arc / arbre" n’a que la pertinence sémantique que nous lui donnerons.

L’arbre en arc
passer dessous était une gageure

L’arbre était arc etc.

La plaine. Les archers
tirèrent : ils
plièrent les arbres
par deux fois : ils furent
inexpérimentés
et burent
le sang des arbres qui se mouvaient encore
tordus en
arc

On peut donc comparer le mot "arc" à un prisme. Il soulève des réalités multiples ; chacune d’elle est potentiellement active à chacune de ses occurrences. L’arc est instrument mais aussi symbole abstrait, dessin, geste, posture. Bref, l’arc est en soi un théâtre ; la versification doit répondre à ses dispositions versatiles.

La prose ne se distingue du vers que par son caractère continu. La prose n’est rien d’autre qu’une extension du vers. J’ai voulu voir comment organiser le vers depuis la séquence brève

hier encore
cherché
répétitions lentes de la même phrase

au verset et puis jusqu’à la prose puisque ceux-ci sont continus l’un à l’autre. La formule et l’enveloppe sont la paradigmatique et la syntagmatique du poème.

La formule est une figure


GALERIE

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2004/2022 Revue d'art et de littérature, musique

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