A los niños no les gusta la muerte
Les enfants n’aiment pas la mort
Vieux
malgré le peu de temps
qui s’est écoulé
dans mes pauvres mains
faites pour boire
et pour aimer
malgré le temps
qui s’est écoulé
dans mes pauvres mains
faites pour boire
et pour aimer
je n’ai pas eu le temps
de veiller l’enfant mort
dans mon enfance
d’enfant joueur
dans mon enfance
d’enfant joueur
Il jouait lui aussi
quand la mort
est entrée
dans son petit coeur
à la place de la vie
attendue
Le petit coeur s’est arrêté
comme une horloge
qu’on a oublié
de remonter
la veille
Le petit coeur
n’était pas arraché
comme les fleurs
des talus
au passage
du bonheur
d’être libre
Le coeur
n’était pas offert
non plus
pas offert
non plus
Ce n’était pas
une cérémonie
pas un oubli
ni même une mauvaise rencontre
Mais le soir venu
je n’ai pas veillé
comme les autres
Je ne me suis pas souvenu
avec les autres
ou plus secrètement
sans les autres
Ma solitude
d’enfant fugueur
n’explique pas
mon infidélité
mais la mer aimait
mon corps
comme je jouissais
de ses vagues
et je n’ai pas souhaité
le confier
à l’ombre
et au silence
Les enfants n’aiment pas la mort
On s’habitue
à revenir
à recommencer
à retrouver
à rejouer
mais rien n’est plus facile
que de rompre
un instant
le fil
qui existait encore
une seconde avant
que la mort traverse
l’esprit
comme une invention
renouvelée
Mes pauvres mains
sont faites pour boire
à vos fontaines
et pour aimer
vos femmes
et pour aimer
vos femmes
Mains joueuses
de l’instant
mains soumises
au hasard
Ce n’est pas la mort
d’un enfant
qui explique
ce qu’elles sont devenues
à force de boire
et d’aimer
mais cette mort
revient
chaque fois
que la vie quotidienne
exige de moi
les cérémonies
les évocations
les rencontres
qui construisent
patiemment
ce que je détruis
chaque jour
avec ou sans toi
mon amour