Oiseau, je connais la vie
je sais tout de sa lumière
et j’ai parfois deviné dans son ombre
les couleurs qu’elle cache
je sais ce que savoir veut dire
ce que je sais n’a pas toute l’importance
que je voudrais qu’on accorde à ma vie
j’ai travaillé comme la plupart des hommes
j’ai travaillé comme aucun oiseau
je n’ai jamais souhaité qu’on meure
et les larmes m’ont effrayé
elles ont effrayé mon cœur plus que mon esprit
mon esprit n’a jamais eu
la place qu’il méritait
toutes les choses que j’ai vécues
j’en ai nourri mon cœur
mon esprit ne réclamait pas
il eût élevé la voix
mais avait-il de la voix ?
il est trop tard maintenant
mon cœur est gonflé
de choses sans importance
qui n’intéressent personne
mon cœur n’aura pas droit à la parole
la vie s’en écoulera
la vie retournera à la vie
et s’en sera fini de la mienne
En tout cas je ne mourrai pas de faim ni de soif !