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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 3 (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 14 février 2019. oOo Nous n’avons pas encore inventé L’analyse qui ne soit pas logique.
Zappeurs de livres, visitez l’Enfer.
Pourquoi ici, pourquoi en France ? Hasard des migrations familiales (« La terre est à tout le monde ») Avec la part nécessaire de la souche.
La poésie est une impasse Aux lointaines fenêtres.
Ô que la douleur t’achève À même le fossé De tes déambulations.
Impasse bordée de putes Et de tous autres commerces. La nuit ressemble au jour Et le jour à d’autres nuits Plus lointaines encore.
« Est-ce que tout ceci aurait un sens ? ¡ No me digas ! Un sens alors Que je n’en ai pas moi-même ? » Tourné sans pouvoir se retourner. De l’écran bavard et sommaire Au vent que les livres appellent De leurs vœux. Anything.
Anything. Personne n’y croit. Le plumitif aime la langue Plus que la poésie. D’ailleurs elle ne la lui inspire pas. La langue n’inspire pas la poésie. Rien n’est moins poétique Qu’un monument aux morts.
Avançant toujours dans le même sens (du journal au poème Ou du poème au roman) Il ne rencontre personne Et s’il en croise Il se félicite d’être à pied Et d’être aussi capable de désigner Le champ qui s’offre au regard (comme chacun peut le constater)
Traversant le champ Qu’il n’emprunte que pour Ne pas avoir à expliquer Pourquoi il ne roule pas, Il recommence à aimer la poésie Et se fie au clocher d’une église Pour retrouver son chemin, Le sien, pas celui de ces morts Que la vie n’a pas encore quittés.
« Voulez-vous rencontrer l’être Qui convient à votre propre existence… ? — … ? — Appelez-le de vos vœux ! »
Bien sûr il y a le vent Par-dessus les champs Qu’on vient de labourer. La motte de terre peut-être gelée Et le ruisseau qui bégaie dans les racines. Les pieds humides et douloureux. Les mains dans les poches. Quelle myopie cette ode ! Faut voir ça pour y croire ! La première rue sent le mortier de ses murs. Je suis souvent passé par là. En fuite toujours, Fuyant le badaud des vitrines Et la race des plieurs de joncs. Où habites-tu maintenant ? Le chien n’a rien pu faire…
Ce qui est perdu Ne se retrouvera jamais. Passons notre chemin. Derrière la vitre nue, Un écran distille les discours. Tel quel, la poésie n’en fait rien. La pratique du cut-up, peut-être… « Sans la rime je suis perdu ! Je ne chante plus ! Je ne trouve plus ! Tout mais quoi dans le Grand Tout ? »
Le chien suit son homme. Il n’y a pas d’homme sans un chien Sur sa trace, humant Dieu sait quoi. Ou il n’en sait rien et il n’existe plus, Ô mort que le voyage éternise !
Depuis quelque temps… En quoi consiste l’honneur Si on est poète ? Anything. Fierté de l’un et considération des autres. Mais quelle morale s’en charge ? Quelle est donc cette morale Qui autorise la fierté du sujet Et vante les mérites De la pratique de la considération ? … good material for poetry...? Tu écrirais quoi à propos du soldat inconnu ? Blague à part…
Le material est fait de mots. Sans les mots, pas de poésie. Quelle tautologie ! Quelle ode ! Comment expliquer ça à un gogo Qui rêve de vacances Dans un paradis hôtelier ?
Et pourquoi donc lui expliquer ? Est-ce qu’on t’a expliqué ? Te souviens-tu de cette enfance ? Tu ferais bien d’y repenser. Ses mots. Ses pensées. Les mots des choses et des faits. Les mots en usage à l’époque Et les mots qui te viennent à l’esprit maintenant ? Les mots qui changent le dictionnaire. Dans quelle ville ? Quelle campagne ? Comment sous la Lune ? Pourquoi avec le Soleil ? Et ces poissons qui remontaient l’embouchure Du fleuve Bidasoa ? Ta seule république inventée par Pío. Ses flics, ses prêtres, ses mouches. Au cœur d’un anarchisme bien en phase Avec la réalité de l’homme déjà mort. Ah ! comme je les sens bien Ces Analectics Songs !
Et comme elles s’éloignent de moi Ou me tuent à petit feu ! J’ai besoin de cette poésie Comme le gogo envie ses plages Et ses lits bordés par des putes !
Constitution de la société Parmi les sociétés Qui constituent le monde Et le construisent peut-être (Qui sait ?) … Reconnaissance de la mort Comme limite de la pensée : Ne pas aller plus loin (Ce ne serait pas une aventure : Bien sûr le vent sent la voilure) Et après… ? Après les jours et les nuits… Les autres ont le pouvoir De penser de toi Ce qu’ils veulent en penser. Tu es et tu possèdes. Tu ne seras rien d’autre à leurs yeux, Surtout s’ils ne te comprennent pas.
Travaux d’approche de leurs cabanes Tendues de toile bleue comme le ciel Dans le journal où tu te changes En citoyen ordinaire : venu d’ailleurs.
Quelle politique pour servir de terre à labourer ? Je comprends la dispute Entre l’amateur de football Et le féru de rugby Entre le client de l’hôtel Et le convive de pierre Etc. Mais ici ? L’un voulant mieux vivre de son travail (au détriment du pauvre sans travail qu’il entraîne dans son sillage) et toi sur la crête des mots material / anything Qui veut vaincre l’autre ? C’est la question.
Quelle violence exercer Sur cet amateur de profits ? Quelle révolution poétique Opposer à son libéralisme Larvé ou identitaire ? Non mais tu te rends compte De la démesure en perspective ?
Étranger tu es et étranger tu resteras. Non pas par indifférence ou égoïsme, Mais parce que la poésie t’éloigne de ces apparences. Poésie langage intermédiaire Entre ces mêmes apparences Et ce qui appartient au rêve, Aux antipodes de la réalité.
Quelle ode cette ode Qui n’en est pas une ! Que de rimes dans ce poème Qui se passe de rimes !
Anything ! Cualquier cosa ! N’importe quoi et non pas tout Ô traducteur en forme de dieu… Ça ça et ça encore ! Ici et là ! Aujourd’hui ce soir dans la minute ! Rien n’aura lieu sans cette possibilité De machine à écrire à l’intérieur.
Et dehors le ciel bleu ou gris Ciel des paradis voyageurs Ou des orages sur la maison Où tout ceci a pris naissance
Moi aussi je hais vos métiers. Comment ne pas haïr ce qui tue La poésie dans l’œuf ? Je sais trop Ce que vaut l’instinct mécanique Étant moi-même plus ingénieux Qu’aventurier. Hidalgo dingue Sans cette terre qui signifie quelque chose, Sans vous je ne suis rien qu’un vagabond. Et sans moi vous n’avez plus aucun sens. Nourrissez-moi de vos travaux d’usine ! Mes papiers valent bien vos dictats.
Ce que je fous ici je le sais mieux que vous. Un chien ne vaut pas qu’on perde au jeu. Quelle misère sans la haine ni le sang ! Quel poète aujourd’hui peut construire Le discours de ses égarements Sans y laisser la peau de son seul poème ? Un chien sans pipeau au cul pour épater la foule.
Vous n’aurez pas le chiasme et la gaussienne ! Façon bébé à sa maman républicaine. Vous n’aurez rien à vous mettre sous la dent Si vous n’avez pas la passion de la morsure Ô chiens d’enfer à la place de l’ami Pierrot !
Écrivez pour empêcher les autres d’écrire. Un parano m’accusa de l’en empêcher… Faut-il rire ou en pleurer ? Faut-il y croire ?
C’est l’enfant qui ruine l’existence de l’homme.
Bien sûr la vie à la campagne Le charme des usines Au large des routes L’alignement des vitrines Les plages d’or et leurs sirènes Et l’espace tellement infini Histoire de ne pas en revenir
Il faudrait arrêter Non pas le temps Mais l’instant
Chronique du bien À tous les étages De la vie en commun
Ne pas perdre le temps En chemin
Poussons la chansonnette mais pas ensemble. Vous n’aurez pas le temps ni la manière. Dehors il ne fait pas si froid que ça. Jamais vu une vitrine geler à ce point. Un paillasson commercial sans les pieds. Laissez venir à moi les petits sans leurs jouets.
Aux extrêmes de l’échiquier représentatif De l’humaine conception du divin La haine de la poésie est un fait.
Mais moi j’ai mon bison séminole. Je ne crains pas Buffalo Bill. Anything. Peut-être en passant mais à pied Ou à la rigueur en bicyclette. Je n’ai jamais tué personne. Mon chien le sait. Nous retournerons Ensemble sur nos pas pour vérifier L’authenticité de l’anecdote. Anything.
Le même monde et la nécessité De nourrir et de tenir à distance Le nombre croissant des créatures Qui peuvent servir à quelque chose.
Fusées des langues dans la géométrie. Si quelque chose veut dire quelque chose Alors pourquoi pas tuer son prochain Par pur désir ? Au carrefour menaçant D’écraser sous les roues la militante Aux cheveux gris reflets de bleu. L’os n’a pas d’autres significations. Patine des cuivres et transparence Approximative des vitres interposées.
Description / instruction / ce naguère Que nous évoquions en critiquant Arguments à l’appui de nos dires Le goût des voyages organisés Ou en tous cas entrepris en terres Connues pour leur innocuité. La toile bleu soulevée par la tramontane. La flamme d’un réchaud qui s’éteint Et Pierrot qui rejoue l’allumage Rituel de celle qui sous l’Arc N’a jamais éclairé la nuit parisienne. La flaque bleue du dos d’un gendarme. Une paumée de la séparation s’en prend Aux nasillements du président en marche.
Autant d’images qui perdront leur sens Le moment venu de les oublier en vrac.
Haine des métiers même de ceux Qui nourrissent la pratique de la page Et de ses agglutinats. « N’importe quoi Fera l’affaire, man ! » Ou comment Inspirer la haine aux peuples qui Ne trouvent pas le duende. Après bien des idéogrammes.
Signes minimaux des écrans Où l’agitation et les bavardages Du candidat à l’Histoire nationale Perdent leur sens et leurs poisons. L’enfer n’est pas à la mode des saisons.
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