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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 8 (Patrick Cintas)

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 Article publié le 7 avril 2019.

oOo

Belle soirée sous la Lune en compagnie

D’un être caressant et consentant (c’est

Rare de nos jours) / Envie de revivre ça

Autant de fois que c’est encore possible.

Je me contredis beaucoup ces temps-ci.

À l’approche de cette disparition en nu.

Mon chien vient de crever / mauvais jour

J’ai oublié un tas de choses que je ne

Pourrais pas écrire de toute façon /

À quoi bon s’en inquiéter ? Rien n’est

Moins sûr que demain. Plus de temps

D’arrêt. Ça file dans le mauvais sens.

 

J’ai un bison. Je ne sais pas

Si vous le saviez déjà… oui

Ou non. C’est comme ça

Qu’on meurt. Oublié par

Ceux dont la mémoire est

D’or. Ça ne me fait même

Pas chialer. Mon cœur s’est

Endurci dans l’eau de trempe

Ou par l’écrouissage au vers.

 

…for the poet there are no ideas but in things.

 

Ouvrant les choses comme des boîtes de conserve.

L’oiseau qui semblait observer la surface d’une feuille

D’albizia en réalité se… Mon voisin ouvre la bouche

Et sa langue maintenant c’est évident n’est pas celle

Que je croyais nôtre / « demain est un jour tranquille »

In things. La chose naturelle comme celle que l’industrie

Expose dans les vitrines de nos appartements cossus.

Ainsi vont les idées. Il suffit de se baisser ou de s’élever

Pour changer les choses par rapport à la ligne d’horizon

Ainsi mise en œuvre / je pensais que cette langue était

Celle de nos lois / jamais observé autre chose que l’oiseau

/ « ces fils de pute » / le crapahut des choses rencontrées

Au hasard ou non sur le chemin ou en appartement.

Comme la vie est belle quand tout est moche ! In things.

Ailleurs le salaud et le pédant vous changent la vie

En enfer / que je croyais nôtre / mais la pluie s’est

Mise à tomber en plein repas sous les arbres nus

De l’hiver / jamais hiver plus doux que celui qui

Précéda cette noble guerre / le fascisme. Un œil

Pour larmoyer et l’autre pour / ah ! ce que demain

Est tranquille alors que tout s’achève en tragédie.

 

« Nous ne savons plus la poésie, » dit-

Il se souvenant qu’il avait commencé

À en écrire à l’époque où des généraux

Voulurent changer la république / aimer

Son prochain comme on aime partir.

 

Assis sur une murette ensoleillée,

Il comprit qu’il n’avait jamais aimé

Quelque chose de beau en poésie.

 

En dehors des poèmes déjà connus

Rien de beau en poésie pas même

L’effort contenu dans sa bouche.

 

Ne venez pas pleurer dans mon mouchoir

Si ça ne vous chante pas. J’en ai connu

De plus / dites-le ! Ou taisez-vous à jamais !

 

Un chapelet de pierres chaudes

Sous les racines de l’arbre fruitier

Que le voleur a laissé nu et seul.

 

Plus loin les tombes se laissaient visiter.

Visages venus de loin pour chercher.

Lui était étranger et il n’aimait personne.

 

Anything / but in things. Quel mois

Est plus cruel si le printemps n’est pas

La solution de l’hiver ? C’est toujours l’été

 

Que je reviens en voleur de bouquets.

Une fois le gardien m’a poursuivi et

Je l’ai distancé avant de ne plus revenir.

 

Comme les choses sont belles

Si la majorité les trouve moches !

 

On ne change pas.

Mais on change.

 

De la fenêtre je me jette dans la rue

Sans quitter mes pots de fleurs du regard.

Exploit qui me vaut le titre de joueur.

Mais quid de la chance ? Pas un mot.

 

J’ai bien observé vos petites danseuses.

Que de couettes envolées !

Ouvrez-moi n’importe où.

Je suis facile à déchiffrer.

Comme un lazarillo allemand

Acheté avant le voyage.

Avez-vous bien dormi

Dans la couchette voisine ?

Pourtant le sens du train…

Et toutes ces sortes de banalités.

 

Non. On ne change pas.

La fortune nous sourit-elle ?

Nous changeons quelque chose

Qui n’a pas vraiment changé

Mais un acte est un acte

Comme un contrat est un contrat.

 

Imprimé dans le pays d’origine.

On a ce genre de choses dans les bagages.

On ne cherche pas longtemps pour retrouver

Cette promesse de chemin.

 

Dire que j’ai quitté ce rond-point

Pour écrire ça !

 

Me laissant guider par le clocher

Perdu dans le brouillard que l’hiver

Dispense aux promeneurs têtus.

 

Un café ? Oui je veux bien mais pas serré.

Je joue aux cartes aussi oui le tapis les dés

La buée sur la vitre et les passages tristes.

 

Je ne sais pas à quel moment je vous ai le plus haïs.

 

Retraites mi or mi flanc.

L’un ne voulait plus payer d’impôts

Sous prétexte que les pauvres

Seraient moins pauvres

S’ils en payaient comme tout le monde.

« Vos vers sont difficiles à déchiffrer. »

 

Qu’est-ce qui court dans vos cheveux ?

Nous avons oublié nos pensées de l’époque.

Lève la patte et va voir ailleurs, des fois…

 

Faulkner pensait que le romancier

Est un poète raté.

(Je sais pas où j’ai lu ça)

Je ne suis pas loin de le contredire

Mais est-ce bien contradiction que cela :

Le poète est un romancier raté.

(Seul W.C. Williams…

Mais Baudelaire ? Rimbaud ?

Même Verlaine… ?)

Le type dans sa ville.

Avec ses journaux. Marie Roget.

Il y a toujours un mystère sinon…

Sur le chemin des églises

Jusqu’à ce que Mohammed…

La Lune contre le mauvais temps.

Le change n’est pas favorable

En ces temps de disette morale.

 

Ce type n’aimait pas son existence.

Mais il aimait celle des autres.

C’est comme ça qu’on devient poète

Et donc romancier de bonne source.

 

On le voyait déambuler dans les rues.

Les places n’avaient pas de secrets pour lui.

Il entrait dans l’église comme dans un café.

Qui ne l’a pas salué au passage ?

 

Comme ces gens sont proches de la poésie !

Et pourtant si éloignés du poème…

 

C’était là une de ses pensées les moins

Difficiles à déchiffrer. Il y en avait d’autres

Que personne ne s’avisait d’approcher

Comme s’il s’agissait de poésie.

 

N’ouvrez pas le bocal des dents

Sans la langue prête à tous

Les sacrifices / Ne mentez pas

Aux enfants qui ne savent pas

Encore mentir sans se faire

Attraper / logorrhée des fâcheux.

 

Comme le bavardage est à la mode !

Regardez la belle putain qui se dénude :

Que de commentaires à son propos !

 

Et ça chante jusqu’à produire de l’effet

Même sur les esprits les moins enclins

À considérer les choses de l’amour

 

Comme le meilleur moyen de rencontrer

Dieu et ses fils / en assemblée constituante.

Mais c’est pas gratuit et on y réfléchit

À deux fois avant de / quelle épouse le sait ?

 

Sur le terrain des manifestations autorisées

Le flic se comporte en collaborateur zélé.

Mais si c’est interdit de se trouver là

Que pense-t-il des enfants abandonnés

Dont la Nation ne veut à aucun prix ?

 

Et la question revient comme Médor :

Qu’est-ce que je fous ici si je suis déjà venu

Hier et tous les jours qui ne sont plus ?

 

Si vous n’avez pas la langue fondue

Dans le même or que vos dents,

Ne vous adressez pas à la Nation :

Personne ne votera pour vous.

 

Je suis seul et ce n’est pas une ville.

Les murs forment un rectangle parfait.

Qu’est-ce que la perfection sans le carré

Et le cercle qui le contient tout entier

Ou y habite en tranquille tangente ?

 

Je suis seul et la ville n’est pas la mienne.

Je n’habite ici que faute de posséder

Ma propre maison sinon / cet ailleurs

Dont je ne connais pas le nom /

 

Vous aimez les chansons

Mais ne savez chanter.

Donnez-leur la leçon

De votre surdité.

 

Petit quatrain qui se perdra

Dans la vague mourante

Des vacances à l’étranger.

 

S’agit-il de tuer le temps ou de le retrouver ?

 

Chérie.

 

Chien témoin de la disparition.

Est mort ce matin d’une crise cardiaque.

Enterré aussitôt dans le jardin.

Revenu en chambre pour écrire.

À midi repas sommaire sans appétit.

 

Dessiné une ombre sur le mur.

Figure ce que je sais d’elle.

Pas de mot pour le dire.

Même emprunté à Poe.

 

Cette solitude finira

Par tuer le bonhomme

Qui veut témoigner

Avant que la nuit

Tombe sur tout ça.

 

Des années pour suivre le fil

De cette lente observation.

Rien de beau mais c’est vrai.

Quelquefois le personnage

Revient frapper à la porte.

Un détail qu’il a oublié…

À l’intérieur on se met à l’aise

Devant un verre et la fenêtre

Reçoit les pluies de l’industrie

Et des déplacements à l’équerre

De cette surface revisitée.

Des années et quand je dis

Des années c’est des années !

Comme j’ai attendu votre visite !

Vous avez enfin frappé à la porte.

Le gars a déguerpi sans demander

Son reste / et on a pris un verre

Et on s’est souvenu / et la bouche

A retrouvé le fil de toutes ces années.

Je n’en demandais pas plus.

 

C’est promis : plus de poésie.

Je veux dire (que ce soit bien clair)

Plus de poésie (adverbe négatif

Et non plus comparatif comme

Vous en baviez au temps

De notre jeunesse commune)

 

Et c’est bientôt fini : on s’arrête

Pour revoir le train passer

Dans la même gare rénovée

Depuis peu : vous revenez.

 

Votre blanc manteau secoué

Devant la porte encore ouverte,

Les poussières prennent le chemin

Du retour à la case départ.

 

On ne recommencera plus.

On s’arrête et on attend.

Et en attendant on s’aime.

Quel plaisir tout de même !

 

Et quelle forme l’attente !

Ni fumée ni géométrie.

Elle vous ressemble au fond.

Prenons un autre verre.

 

Voulez-vous que nous descendions ?

J’ai creusé ce trou pour vous.

En pensant que vous ne m’aviez pas oublié.

Creusé sous la maison héritée.

Quel bourgeois s’en soucie ?

 

C’est là que je relis les poètes.

Les seuls romans que je relis.

Trou dans la terre de mes fondations.

À la rencontre des diagonales

De ce rectangle conçu pour vous.

 

Je n’ai jamais autant ri

De ne pas savoir pleurer !

L’humour naît pourtant de la tristesse,

Du deuil, des voyages interrompus.

Descendons cet escalier

Et ne remontons plus jamais.


[...suite]

 

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