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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - Ya pas comme le pouvoir pour bien bander (Patrick Cintas)

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 Article publié le 21 juin 2020.

oOo

« Ya pas comme le pouvoir pour bien bander » /

Secouant la chevelure d’une collégienne

À la dérive de l’adolescence

Recommence chaque jour ce qu’il a commencé

Dans la joie d’avoir trouvé le la

/ ou reprend le fil où il l’a laissé la veille /

Et les épaules de la fille tressautent mais

Sa bouche rit / le jeu de mot le rendait hilare

/ « que si que vous l’avez connu / écrivait

Des choses dans le genre Apollinaire /

Vous savez : si proche de l’entendement

Qu’on se demandait si c’était de la poésie

Ou une manière comme une autre

De se distinguer du reste de l’Humanité »

Ni chien ni chat à cette hauteur de la vie sociale

/ pas même la terre rongée par le soleil et ses vents

/ pas même (quand il mettait le nez dehors comme

Hypérion)

Cette mer qui noie les peuples dans le commerce

De la chair et de l’esprit /

Donnons un sens à ces étendues à traverser

Pour conquérir d’autres horizons

/ « je sais plus où j’habite depuis »

Ni désir de pouvoir (par nécessité sexuelle)

Ni rêve hiérarchique (par paresse sans doute)

Dans sa tête peu faite pour la participation

Aux travaux qui font l’Histoire d’une manière

Ou d’une autre /

Écoutait et regrettait (sans amertume toutefois)

Que l’enfance ne connaisse pas la révolte : chiale

Des principes contradictoires et lèche les vitrines

En même temps / « où va se foutre le talent ? »

 

Ni désert ni forêt où l’abondance est animale /

Des façades bleues où le volet se ferme et s’ouvre

Étêtant les géraniums toujours atteints de pythium

/ puis arrachant la tige noire elle invoquait son dieu

Et ses seins / « j’ai jamais cru au génie de l’enfance :

Piètre poète celui qui imite le cri de l’oisillon /

Des idées derrière la tête, oui / et cette histoire

D’omelette nécessaire héritée de l’expérience

Du Pouvoir / ne me parlez plus de cette fille ni

De cette plage où j’ai imité le cri de la mouette »

Il n’y a rien (disait-il encore) comme se faire mal

Pour trouver de quoi écrire /

Sans devenir fou de rage

Ou de désespoir / cueillez

La rose tant qu’elle est rose

/ blanche elle a le sein laxe

/ et le nombril introuvable

/ or j’ai cette idée pas facile

Que j’eusse mieux fait de crever

Avant d’avoir atteint l’autre rive

/ la berge boueuse de pieds

Et de museaux / ces rues interminables

Et denses / rien à glaner

Ni à cueillir par le simple geste

Ou l’exercice constant

Du rêve sur les apparences /

Quelle rose ne le sait pas

Au fond d’elle-même ?

 

Qui rencontre-t-on si on est à la recherche

De ce qu’on croit avoir perdu en chemin ?

/ s’il s’agit d’un chemin et non pas d’un lit

Où le río fait trembler la maison / cuando

El río suena / qui en travers du chemin

S’interpose ? Qui engage la conversation

Comme s’il était naturel que l’homme

Se souvienne de la fille ? / agualleva /

La roche creusant et amoncelant / le bois

Pris de vitesse avec le regard / la faja

Dénouée dans ces circonstances et le temps

Court vers sa prescription / acquisitive non ?

 

Ne soigne plus ses bouts rimés

/ ne cherche plus dans l’intervalle

De quoi nourrir la voix / s’égare

Non plus sur le chemin mais dans

La rue : la rue aux vitrines enfantines

/ aux personnages aussi heureux

Que s’ils étaient sortis d’un missel

/ vœux des moralités au Capital /

« jamais je ne cèderai à la tentation

/ plutôt fuir et vivre ma vie ailleurs

/ seul si l’animal veut de moi »

 

Mais le travail rend fou même celui qui aime

Travailler / d’arrache-pied ou selon le temps

Qu’il fait / « ya pas de contradiction à servir

À quelque chose et à toucher ce qu’on mérite »

Faisait son Apollinaire dans les cahiers

De son passé d’écolier / exhumant des désirs

De rencontre et de partage / « j’ai jamais

Autant vieilli » / et pourtant en la voyant

Il a revu : ce qu’il n’avait pas osé approcher

D’aussi près que la mer / « on revient

Sur nos pas à cet âge / tiens-toi le pour dit »

 

Si tu aimes ta terre natale,

La sienne appelle le voyage

Et tu n’en as jamais eu les moyens.

« j’ai rien appris de plus

De cette existence

Ni de vos attentes

Ô correspondants de guerre ! »

 

Qu’est-ce que le chemin

Si tu n’en trouves pas

La croisée ?

 

Rues tangentes et cercles

Où se fument les départs /

De la vitrine au Père Noël

À la pratique de la clandestinité.

Ces écarts de jambes sur scène.

La bouche glougloute en marge.

Oiseau des villes chieurs

Des trottoirs et des jardinières.

Tu travailles et tu gagnes

De quoi continuer sans rien changer.

 

Un peu de poésie d’enfant

Dans la politique municipale.

La conscience en lieu et place

Du dieu qui ne veut pas mourir.

« l’esthétique pure est une façon

De ne pas parler de sa défaite »

Comment sais-tu qu’elle t’attend ?

Qui a payé le prix et le silence ?

Qui sait mieux que toi comment

S’achève ces tourments, renégat ?

 

Suivi de son chien et précédé

Par son chat / la mer aux pieds

Et ces montagnes dans le dos :

Le voilà ton personnage /

Il ne te ressemble pas mais

Il est si proche de ce que tu as vu

Dans le miroir familial : chambre

D’hôte / les clous plantés

Dans le mur : près du lit au-dessus

Du chevet : elle prenait soin de lui

/ vérifiait la tension de la flanelle

/ flattait les cuisses et une épaule

/ toujours la même l’épaule :

Il n’y a pas d’explication /

« des fois j’y suis et des fois

j’y suis pas » / sous les oliviers

Elle touillait les migas / maintenant

Elle jouit du spectacle avec toi.

 

« je ne sais plus ce que j’aime /

Trop de catalogues à la place

De la mémoire / faut que je te dise

Que je suis pas venu seul : ma femme.

Ce qu’elle espère de moi encore.

Malade de l’égo comme les autres.

Veut exercer le pouvoir au moins une fois.

Laisse-moi toucher tes lèvres avec les miennes.

Nous étions si furtifs à l’époque.

Vite fait mais en as-tu profité

Autant que j’en ai rêvé

En repensant à toi une fois seul

Dans mon lit d’adolescent ?

J’écris ces mots sur la nappe.

Boulette des poubelles proposées

Par une domesticité qui attend son tour.

Tout le monde voyage aujourd’hui.

Promesses aux apothicaires.

Tu n’es plus toute jeune, dis donc ! »

 

Qu’est-ce que le temps change au juste ?

J’étais la proie des apparences et pourtant

Je ne me souciais que de mes chimères.

Nous finissons par ne plus rien y trouver.

Dis-moi comment ça s’est fini pour toi.

 

Qu’est-ce que cet enfant, de chair ou de papier,

Change mieux que la mémoire ? La ruine gagne

Le cœur même du tournoiement acquis avec les ans.

Mais tu ne sais rien de la tempête ni de Prospéro.

Tu n’as jamais quitté le rivage. Tu as trop attendu.

 

Nous ne saurons jamais ce que nous aurions changé

Ensemble. Nous avons perdu avant même de jouer.

Moi sur la mer « infiniment » et toi aux terrasses noires

De monde. Il n’y a pas de servante au grand cœur.

Ce poisson ne cligne pas des yeux. Jamais le travail

N’a autant signifié. Nous nous éloignons de tout

Ce qui était possible. J’en ai l’écriture comme au noir.

 

« Vous comprenez ? » / le chien, le chat, la mer et ses soleils

/ « que le vent les emporte ! » / je ne suis que le personnage

De mon personnage / gagne du terrain l’imbécillité commune

/ ces vitrines d’amour et de plaisirs solitaires / par les rues

Jetant son dévolu sur les apparences taxées d’inconnu /

Coudes de chaque côté du verre / goutte au nez et lèvres

Fissurées / je n’aime pas ce type de rencontre : comme si

Le lecteur s’y trouvait enclos comme en un pré travaillé

Selon les règles de l’art / d’un coq à l’âne ou par le biais

D’une substance hors de prix / « te souviens-tu de moi ? »

Je n’en ai pas le moindre souvenir : tu mens ou j’ai perdu

Le fil de ma propre histoire / « qu’est-ce qu’on gagne

Si on n’est pas seul à jouer ? » / je ne sais plus si je savais

/ Molly à tous les angles un peu éclairés / ou Sally charmant

Les ondes / Ezra en cage ou livré à lui-même et à ses démons

/ les personnages secondaires : soubrettes et notaires /

« depuis quand tu n’es pas venu ? » / au théâtre s’entend

/ ganté de blanc et environné de fumées et d’embruns

/ passe la porte puis le portillon et attend son tour /

« je ne sais pas si je suis positive ou pas » / sourire d’enfant

Et d’en bas / « elle n’a pas voulu monter » / mais pourquoi ?

Elle et moi : cette passade dans un décor de bambous /

La pluie des après-midis / « tu ne connais rien au cerveau »

J’avais l’art de dénicher le bon emplacement / au large

Les bateaux en proie aux mouettes / « on ne s’entend plus ! »

 

Qu’est-ce que la poésie de ce temps

Si ce n’est pas la poésie qu’on apprend

Par cœur à l’heure de signaler sa présence ?

Griffonne encore en marge avec des couleurs

Que le papier semble retenir / cette sorte

De pâleur acquise à l’exercice du devoir /

Essais de perspective par le moyen du chemin

Qui s’élève en pointe / le même arbre répété

Dans les mêmes proportions / « comprenne

Qui pourra » / mon Dieu chien ou chat qu’est-ce

Que cette poésie qui ne me connaît pas encore ?

Qui fréquente mes lieux quand je n’y suis pas ?

 

« ô le bel hendécasyllabe ! »

Il en a la bouche pleine /

Ne passe pas son temps

À sucer des pastilles

Contre sa mauvaise haleine.

Voit venir les meilleures.

Devine le degré de résistance.

Trouve ça dans les yeux.

Sait qu’elle ne le regrettera pas.

Venu avec sa piécette à papa.

Ne la quitte jamais, surtout

Si le temps est au beau comme

Aujourd’hui / « nous traverserons

L’apparence des vitrines pour

En consommer les avantages »

Comprend elle aussi cela.

« peut-être l’expérience, qui

sait ? » / évalue la fragmentation

Qu’elle fréquente / habitudes

Vite saisies / « voulez-vous

Que nous en parlions ? Ça

Me ferait du bien / maintenant

Que la solitude : cette atroce

Sentiment de ne plus pouvoir

Gagner la confiance / pas l’amour :

La confiance : mon franc-jeu

Devant l’hypothèse la plus

Probable / mais c’est bien fini

/ notez que je dois de l’argent

À l’hôtelier » / comme c’est

Étrange de la retrouver ici !

 

 

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