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 Article publié le 20 février 2022.

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Furieuses, impétueuses parfois, alluviales toujours, tes eaux.

 

Quelquefois te vient le soupçon que ce limon déposé par toi profite à d’autres qu’à toi, mais à toi, le fleuve, il ne revient pas de te reposer aux rives ni d’y travailler à la splendeur des jardins qui n’appartiennent qu’à ceux et celles qui se sont installés au bord de tes rives généreuses.

 

Loin à l’écart de tes rives de vastes mausolées attestent que quelque chose a voulu durer malgré le temps qui emporte tout. Les habitants de tes rives limoneuses s’y plaisent tant. Ils voudraient que leur séjour y dure toujours, mais c’est toi, toi seul qui demeures, là, au cœur de cet emportement qui fait tout le prix de ta présence éternelle. C’est toi la mémoire des hommes et des femmes de cette contrée hospitalière, c’est toi qui le premier as tracé un signe d’espérance dans la terre aride du désert tout proche, c’est toi qui as rendu ce lieu habitable.

Ici a vu les fils et les filles d’Israël plier sous le joug, puis se lever pour partir. Ils ont emporté un peu de tes eaux dans les yeux de celui qui les a conduits vers la Terre Promise. L’exode est sans fin à qui sait que la liberté toujours compromise ne cessera de battre dans les cœurs de ceux et de celles - grâce leur soit rendu ! - qui ont eu le courage de fuir la Terre de Pharaon.

Une tension s’expose aux rives du fleuve, puis se détend dans la fragilité inexorable du désert. Quarante années d’errance pour arriver seulement au seuil d’une promesse qui ne cesse de durer, voilà ce qui palpite à la surface de tes eaux, fleuve majestueux qui aura porté celui qui est né des eaux.

Dans la pierre fière, gravées là, des paroles d’être, des paroles toujours à venir, et brisées une fois par celui qui les a vu s’amortir en signes flamboyants. Du feu gravé dans la pierre, une foudre qui ne foudroie pas, ne poudroie pas, ne tombera jamais en poussière, tel est le signe tout droit venu de celui qui a été porté par tes eaux généreuses.

 

Au milieu les joncs, dans un panier d’osier, un tout petit enfant babille, emporté doucement par le courant vers cette femme douce qui le reconnaît d’emblée pour sien, ce fils d’Israël. Toi, le fleuve tu as permis ce miracle de la rencontre, toi, à qui la mère a confié l’enfant dans l’espoir d’un avenir meilleur que la mort. De cet enfant, un peuple entier a appris la force de l’espérance, la fierté retrouvée, l’allant et le goût de vaincre l’infortune. Tu es le trait d’union, la marge, le silence fait eau, le frisson du temps à la surface de la terre habitée. Grâce te soit rendue, fleuve impétueux.

 

Tes débordements ne sont jamais qu’une chance renouvelée de saison en saison de vivre debout pour aller ailleurs. Libre à ceux qui le désirent de demeurer au bord de tes rives, oui, libre à eux, mais de toi à moi, c’est un pacte scellé dans le vent du désert tout proche qui va et vient dans mon oreille attentive à la moindre brise qui passe dans la palmeraie lointaine, là, au plus près du puits où viennent à se rassembler les forces errantes.

 

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