|
Navigation | ||
[E-mail]
Article publié le 20 mars 2022. oOo En dépit des ruines
Sur les ruines de longtemps refroidies même frappées par le plus ardent des soleils Un récit demeure nourri de milliers de fragments narratifs Graffitis de Pompéi et grandes œuvres mutilées ou non par le temps Signes lapidaires ou longs volumens pieusement conservés-recopiés
Récits d’abord élaborés sur les ruines fumantes de la puissance disloquée Langue entrée en errance se cherchant de nouvelles raisons de dire De nouvelles articulations Dislocation appelant dislocution Elansnouveaux, dispersions, lentes germinations Des langues vernaculaires Gardiennes d’une mémoire disloquée
Stupeur, sidération et mort violente pour les uns Mutisme des survivants, langue parlée-écrite se perpétuant Tout en mutant lentement vers d’innombrables dialectes régionaux Nécessité de survivre dans un monde disloqué
Nostalgie chez les uns et appel chez d’autres, les humbles, au dieu nouveau fédérateur Destructeur aussi des anciennes croyances Conversion rampante puis violente au dieu unique Jusqu’aux confins de l’ancien monde
Au loin mon pays Si loin dans le temps et l’espace le pays de mes ancêtres Destruction des rites et des coutumes ancestrales Au nom du dieu unique réputé vrai et meilleur et tout et tout Pur opportunisme des élites, rémanence des croyances condamnées Devenues anciennes par décrets édités par les puissants
En dépit des runes
Sur les runes rayonnantes même frappées par le plus glacial des frimas Il gèle à pierre fendre mais signes demeurent dans les pierres et les chants Pierres des champs, pierres de chants Et sagas abondent dans les mémoires Par où survivent les dieux anciens
Et tout est perdu Jusqu’aux pas qui virent nos ancêtres Passer en des lieux demeurés sacrés
Mémoire se débat dans un bouillon de ronces vives Qu’aucun Sigurd ne saurait franchir
Ni la Rome impériale, ni la Rome papale ne nous inspirent Quelque confiance que ce soit Les Chrétiens gouvernent par l’épée Justifient par la plume leurs crimes
Et voilà donc que je marche dans une forêt sans commencement ni fin Me dépouille pasaprès pas de toutes croyances de toutes provenances Mais mémoire d’un possible humain demeure Avec le sacré en partage Qui divise
Runes en témoignent, vive présence En l’absence des dieux
Jean-Michel Guyot 13 mars 2022
|
Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs | [Contact e-mail] |