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Une douce folie
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 Article publié le 9 octobre 2022.

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Je rêve parfois d’un épilogue flamboyant durant lequel tous les possibles avortés-écartés-négligés tout au long du développement des diverses intrigues intriquées-compliquées à l’extrême, menées de main de maître par ce maître des lieux qu’est le narrateur, exploseraient au grand jour en gerbes de feu colorées de mille nuances, révélant ainsi in extremis le fin mot de l’affaire à la face du monde éberlué.

Nous aurions ainsi sous les yeux le pendant négatif d’une narration haletante ou oppressante, la salvatrice respiration seconde qui requiert la mémoire d’un troupeau d’éléphants tout entier, chaque trompe d’abord plongée dans la poussière et le sable des dits éléphants projetant sable et poussière sur les corps éléphantesques barrissant à l’unisson en direction de tout ce qui fut écarté. Formidable appel à la déraison plus puissant encore que les trompètes de Jéricho !

Comme si chaque phrase écrite jusqu’alors appelait un démenti cinglant, développé avec force détails, chaque détail explorant indéfiniment toutes les pistes possibles, produisant ainsi une gigantesque arborescence narrative érigée en l’honneur de tous les possibles sacrifiés par l’auteur sur l’autel de sa narration-fétiche.

Projet fou qui, s’il voyait le jour, obscurcirait la nuit des possibles de telle sorte que l’obscur deviendrait l’alpha et l’oméga d’une quête sans fin par-delà le Bien et le Mal, le Beau et le Laid, le Noble et l’Ignoble, repoussant peut-être ainsi l’indicible dans ses derniers retranchements. La tâche serait si épuisante qu’elle épuiserait le narrateur en second qu’est tout lecteur attentif avant même qu’il ne soit parvenu au terme de sa quête vouée à l’indéfiniment possible. Dans cette folle perspective, l’horizon matriciel retrouverait peut-être alors tout son éclat originel. Pure folie !

Au lieu de cela, c’est l’hécatombe des possibles qui prévaut mais qui suscite le retour du refoulé tant de ces possibles entrevus-écartés que des possibles négligés-inaperçus venus mourir au seuil du néant comme les vagues sur les vagues venant s’échouer sur une grève hivernale en terre d’Ecosse couverte de déchets aussi divers que variés, de toutes tailles, de lointaines provenances.

Ce n’est qu’au seuil de ce néant où le temps qui nous est compté ne compte plus que l’ensemble de l’édifice narratif se révélerait pour ce qu’il est : un pur néant verbal adossé aux possibles sacrifiés pour les besoins de la cause du Verbe.

 

Jean-Michel Guyot

5 octobre 2022

 

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