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III - serena
L’enquête de Frank Chercos - chapitre XXIII - 6

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 Article publié le 19 février 2023.

oOo

Il percuta. Le coup ne partit pas. L’amorce ne valait rien. Il mit du temps à la sortir de son petit logement étroit comme le cucul d’une. Enfin il martela plusieurs amorces qui ne pétèrent pas. Toutes celles contenues dans la boîte marquée 1916 en rouge cerise peut-être le sang de l’ennemi ah ah ah puis le coup partit mais la balle, toujours de bois creux, ne fit qu’arracher un morceau de la tapisserie empire du vieux salon où tout ceci se passait et ne se passerait plus s’il trouvait le moyen de fabriquer une balle en plomb en or c’était possible car il avait mit de côté après l’enterrement le bridge qu’il avait si souvent vu s’agiter en pleine conversation comme s’il était animé de raison et de volonté comme le veut la scholastique…

— J’ai entendu ! cria la vieille d’en bas.

Comment n’aurait-elle pas entendu ? Mais elle ne se doutait pas qu’il était en train de perfectionner la munition nécessaire à un accomplissement parfait de. Mourir avec de l’or dans le crâne, elle n’y avait certainement pas pensé. Fondre de l’or il se renseigna et acheta par correspondance un creuset et un four et il apprit dans un livre comment on moule sans danger.

Ils mangèrent. Des colliers de mouton avec des carottes et des oignons et ils burent du vin d’Alzonne. Aimez-vous les uns les autres ou : comment avoir la paix et se foutre royalement de l’Histoire. Elle avait préparé une crème aux amandes et il y trempa des cigarettes russes. Il aimait ces craquements à la fois doux et nets comme la bordure d’une aile.

— Quand tu auras fini tu pourras fumer quelque chose sous le chêne, dit-elle en commençant à débarrasser la table.

Il avait souillé la nappe avec le vin qui avait coulé sur son menton. Ses doigts sentaient la poudre. Il les approchait de son nez et inspirait sans retenue. Elle pensait peut-être qu’il se les était fourrés dans le cul, mais ce n’était pas le cas, il y avait cette constante migraine qui l’empêchait de penser avec raison et volonté et non point sur le fil de la mémoire et de l’imagination comme ceux qui écrivent des romans. Il pensait ainsi, dans la douleur lancinante, qu’il ne pouvait pas mourir sans avoir composé un poème mais à qui l’écrire ? On n’écrit pas un poème parce qu’on veut l’écrire ou parce que c’est le moment de l’écrire. On l’écrit à quelqu’un et justement Hélène était de retour et ça lui donnait envie de vivre ou en tout cas de ne pas mourir. Le premier mot était. Le premier mot sera. La crème d’amande était parfumée au piment. Quand tu auras fini. Pourquoi avoir assassiné l’extraterrestre ? Il fallait se poser cette question avant de se demander avec les autres qui l’avait assassiné. Et juste au moment où il y pense, mal au crâne et tête de bois, la vieille s’amène sur le gazon fraîchement tondu avec le même extraterrestre, mais cette fois vivant. Il en conclut logiquement qu’il n’était donc pas mort et aussitôt il vit comment son cerveau s’employait à remettre les choses en place pour que la réalité redevienne aussi réelle qu’elle avait été imaginaire. L’extraterrestre exhaussait une bouteille encore encapuchonnée de cire, signe que le produit était artisanal et que le docteur Vincent était un personnage réel. Il n’y eut pas de serrement de mains à cause de l’épidémie de connerie qui sévissait malgré les programmes de rééducation qui avaient remplacé ceux de l’éducation ordinaire comme on avait toujours connu aussi loin qu’on se souvînt.

La vieille exultait sans pudeur, elle d’habitude si couverte montrait ses genoux l’un sur l’autre supportant la main d’acier de l’extraterrestre qui n’en avait rien à foutre de ce qu’on pouvait penser de lui. Roger ne pouvait pas cacher son trouble. Que sa mère fricotât avec un alien ne le dérangeait pas. Il paraît que ces types ont une queue capable de tous les exploits. Que la vieille en profitât avant de mourir entrait parfaitement dans l’ordre des choses. Il posa sa propre main sur le sommet de son propre crâne, je dis propre pour ne pas compliquer une situation qu’on regarde de loin, soumis que nous sommes aux préjugés anti-pédérastiques qui conditionnent nos jugements en matière de sexe partagé comme on met au pot une bagnole ou n’importe quel objet utile au quotidien. Je dis ça comme ça au cas où

— Je vous croyais mort… Je vous ai vu… cette nuit… Mais je dormais, n’est-ce pas… ?

— Rog ! Tu n’es pas très poli… Excuse-toi.

Il s’excusa, se demandant s’il parlait ou s’il se laissait sodomiser pour ne plus en parler.

— Rog souffre d’horribles maux de tête. Vous ne pouvez rien faire… ?

— Ma science a des limites. Mais je peux essayer de…

Roger n’avait pas vraiment achevé sa verrine de crème aux amandes. Il avait envie d’olives fourrées aux anchois. Mais il mangeait de la crème aux amandes parce que c’était comme ça et pas autrement. Oh mon d que j’aimerais pourvoir penser sans provoquer la douleur de ce lobe qu’on aurait mieux fait d’extirper ! Il visualisa l’extirpation. Pas de sang. Rien que des données. Et des choses pourtant oubliées. Depuis longtemps réduites à l’infime. Ces choses qu’on ne sait plus et qui savent à notre place. L’extraterrestre ne possédait pas d’armes. Il ignorait tout de. Roger se lança dans une description technique qui finit par ennuyer. Il était désolé. Et même désespéré. Preuve qu’il n’avait jamais été heureux alors que par instant il avait cru l’être.

— Je ne mange pas de crème, je regrette… dit-il à la place de l’extraterrestre.

— Nous pourrions aller faire une promenade en barque, proposa gaîment la vieille.

Comme avec Hélène en ces temps de. Mais la vieille ne l’invitait pas. Elle s’en allait sans débarrasser la table que pourtant elle avait commencé à. Il se retrouva seul et là seulement il se rendit compte de l’étrangeté de la situation, car en effet s’il n’avait pas rêvé cette nuit l’assassinat de l’extraterrestre par un ou une inconnue, alors sa présence il n’y avait pas une minute à sa table en compagnie d’une vieille toute excitée à l’idée de. Il laissa la table comme elle était, verre renversé, verrine inachevée, un ninas fumait dans le cendrier, or Roger Russel ne fumait pas, ni l’extraterrestre, celui qu’il connaissait en tout cas, qui n’avait jamais séduit aucune femme dans le coin, moins encore la vieille qui déclarait à qui ne voulait pas l’entendre que les choses de l’amour, bien qu’elle en sût plus long que n’importe qui sur le sujet, ne l’intéressaient pas ou plus et elle vous envoyait vous faire lonlaire. Jamais un genou de trop, ni une épaule, rien à donner en échange d’un compliment ou pire d’une demande mais qui aurait eu l’idée de demander et demander quoi n d d !

Il avait encore le goût de l’amande pimentée sur la langue quand il se remit à parler, car depuis qu’ils étaient en train de flotter sur l’Aulnier (il pouvait les voir fleuch fleuch) il n’avait pas prononcé une seule parole et maintenant ô vertige de la vitesse il répondait à une question précise du flic nommé Frank Chercos qui était un personnage bien réel. Si vous le rencontrez un jour, dites-lui bien des choses de ma part.

 

 

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