Je ne possède plus rien...
Je ne possède plus rien
Qui vaille la peine
De nourrir un refrain.
Je m’habille de gris.
Le noir me va si bien !
Moi qui naquis du blanc…
Fini les cascades de rouge
Des bougainvilliers de l’ocre !
Nous revenons à la maison.
Croisant ceux qui arrivent
De loin, sous la pluie d’étamines.
L’Histoire en veut encore.
Des quatre doigts plus le pouce
Forgeant les grilles de l’amour,
Ou de ce qui paraît en être.
Quel temps se perd en heures ?
L’eau des ombres dégouline
Comme un discours aux âges.
Qui croit le plus en l’autre ?
Mais qui ne dit pas ce que demain
Sera si aujourd’hui tout meurt ?
Descendant la pente verte,
La mémoire revisitée en joies
Aussi diverses que convenues.
La terre descend jusqu’à la mer,
Comme on s’attend à la trouver
Aussi facile qu’un voyage.
Quel soupir à l’angle de la nuit
Qui annonce ses rêves et son aurore ?
Quelle oblique de palais à palais !
Vous verrez comme on s’horizontalise
Une fois le repos acquis en fin de journée.
Vous verrez combien j’ai raison.
Mais (dit Río) je ne vois rien ici.
Je ne vois rien à la fenêtre, ni toi
Ni ce que nous avons été ensemble.
Quelle lutte m’attend contre l’Errance ?
Contre l’Homme lui-même, contre moi,
Contre tout ce qui ne sera plus jamais ?
Oui, oui, descendons vers notre mer.
Elle sut si bien nous assembler.
Nous avons tant aimé nous y baigner !
Trop d’ambition tue l’ambition,
Comme l’amour finit par tuer
Ce qui n’a pas trouvé le la.