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Article publié le 11 février 2024. oOo C’étaient des regards doux et délicats comme les lotos bleus qui nagent sur les eaux, des expressions fugitives comme les faibles parfums de l’églantine, des mélancolies tendres comme le velours des mousses ; fleurs de deux belles âmes qui naissaient d’une terre riche, féconde, immuable. Honoré de Balzac * Livresque ivresse Ivre de livre Enfin libre De te livrer tout entière A la joie qui demeure en toi
La chair est triste, hélas, et j’ai lu tous les livres Brise le cercle enchanté des lignes vagabondes ! A la mer jamais ne t’uniras Futile présence des mâts et des voiles Embruns mauvais Algues putrides Chants défaits Nœuds dénoués-déjoués Ancre rouillée De conserve, vagues assaillent La crique enchanteresse Estran moutonne sous l’écume Plante ici le décor D’un amour en technicolor Châteaux de sable Et sable encore et encore Pour seule demeure Met meg skal du bu ! Qu’il est beau, ce chant, Edward, Qui jamais ne déchante ! * Art libère des senteurs Dans l’ajour des pages Vieilles ou neuves toutes
Qu’une très folâtre odeur de moisissure s’en dégage Ou que la colle toute fraîche danse entre les pages Pages aident à vivre Qui se passent Se cornent S’animent toutes sous les yeux gourmands De sa lectrice qui leur prête sa voix, l’unique, Suivant, docile, la pente douce De ses voies pénétrables Ouvertes à tous et à toutes Dans l’ajour du sens
Ressac du printemps Ne se ressasse Déferle plutôt En cascades d’églantines De dessus la pente du fier bosquet Dans lequel, naguère, tu plantas narcisses et pervenches, Perce-neige et jonquilles Pour le bonheur de tes yeux Renaissants * Ecotone des sensations Entre berges humides Et fluviale lenteur Comme entre tes cuisses, mon amour, Frémit sous mes doigts La vasque enamourée de tes jouissances répétées Qui s’en vont cognant sur les rivages nombreux de ta mise Affouillent sciemment la demeure de tes reins Creusent en elle un de ces désirs d’espace commun Ah incommensurable vraiment ! que ton amant du moment Ne comblera pas de sitôt mais arpente et sillonne Avec pour toute escorte les sucs de son soc Jusqu’à créer ce socle de souffle Et cette langueur intrépide Qui dans l’alors de son ahan Voue l’entièreté de ton corps A l’amour de l’amour Désir d’amour, amour du désir Vague sur vague Pour le restant de tes jours * Arbres libèrent Qui s’éprend des terres humides
Effluves rémanents Ni d’hier ni d’avant-hier Ni de demain Ni de toujours Effluves affluent Et de flux en flot Fluviale demeure A la rive de laquelle aulnes et saules Viornes et frênes s’accrochent pour quelque temps Corridor de vie Sûr passage et ramage Par où faune et flore s’accordent * Tout ici enchante Même les bras morts de la rivière en ses méandres Portent vie et espérance Lancent un défi amical Au promeneur solitaire Qui s’en va l’amour au cœur Dire à sa belle Qu’elle est le havre impossible L’injuste milieu qui déchire les landes toutes proches L’infini d’une quête sans fin Et la trace féconde d’un passage Noble et fier Qui s’en va et vient saluer Les terres nombreuses En son nom propre
Jean-Michel Guyot 2 février 2024
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