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La vitalité du fait esthétique La vitalidad del hecho estético
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 Article publié le 8 décembre 2005.

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traduit en français par Patrick CINTAS

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La parole poétique, affiches des trottoirs et lettres d’imprimerie. Les poètes se multiplient et ne trouvent pas ce seuil où la pensée et le sentiment ne font qu’un : la poésie. Et dans ce quotidien si avare pour l’esprit, elle surgit comme un signe.

Signe de la vitalité du fait poétique. Signe de l’hypocrisie de ceux qui disent que la poésie ne se vend pas. Signe qu’il existe plusieurs manières d’exprimer les choses : avec des mots sans ailes et une langue indigente, ou avec art. Signe que les espaces de fin de siècle ne sont pas vides au point que la splendeur poétique ne les pénètre pas.

Pharmaceutria, de Théocrite, date du début du troisième siècle av. J.-C. ; c’est le premier grand poème d’amour donné à l’humanité. C’est le monologue ardent de Simèthe qui souffre d’avoir été abandonnée par Delphis : don et haine, désespoir et confiance planent dans ces vers. Ce fut, pour les Lettres, un évènement, grâce à Théocrite ; et pour l’Histoire, l’affirmation des qualités du peuple grec en cette grande période hellénique de création.

De nos jours et dans notre société, la poésie n’a pas connu une telle convocation, jusqu’à maintenant. Comme si elle était la propriété des bohèmes et des élites, c’est selon. Mais non : la poésie appartient à tout le monde. Elle nous offre une vision du monde - qu’elle équilibre - et elle est plus sagace que l’intelligence. Elle change la réalité parce qu’elle s’en prend à sa patine opaque et qu’elle révèle la soif de transcendance. Car comme l’art - ce qu’elle est -, comme l’amour et la religion, c’est le chemin de la grandeur humaine. Ceci s’explique : elle nous donne ce que personne ne demande, mais dont personne - si on la lui soumet - ne peut se passer.

On a tant écrit sur elle, par chance. Pour Gaston Bachelard, elle est l’humanité condensée ; pour Octavio Paz, un érotisme verbal, l’érotisme est une poétique du corps. Mais la poésie, par-dessus tout, c’est la vie ; et elle nous en approche ; plus près du quotidien. La beauté de l’homme est plus grande que l’homme, nous suggère Paul Éluard pour nous aider à comprendre les faiblesses humaines ; ...il y a des actes qui ressemblent à des éructations d’âmes malades, nous rappelle Thomas S. Eliot, quand les automobilistes écrasent, tuent et s’enfuient ; voyons la tristesse comme un toboggan sans enfants, au milieu d’une place cernée par le vent, avec Enrique Bossero ; ou volons avec notre imagination et avec les oiseaux de la douceur ou les enfants amoureux de Jacques Prévert.

Catulle à Rome, les poètes alexandrins - comme Callimaque et Sapho - Salomon, saint Jean de la Croix, William Yeats, Vallejo, Hölderlin, Lorca... et tant d’autres, grâce à Dieu. Et Borges, la grande Olga Orozco ; et Robert Juarroz, Ewa Dominika... et tant d’autres Argentins, grâce à Dieu. Et nos poètes du souterrain, qui arrivent sur nos trottoirs et nous font des signes.

La poésie sera-t-elle un jour best-seller ? On devrait se montrer plus modeste, peut-être. Par exemple, souhaitons que les poètes argentins - au moins ! - ne soient pas seulement un cachet scolaire ; et qu’on ne laisse pas l’urgence nous empêcher de dormir - la nuit - et de rêver, le jour. Pour lui faire de la place et - comme l’écrit Oliverio Girondo - que la vie ne devienne pas un long abrutissement. Pour que les habitudes ne tissent pas jour après jour au fond de nos yeux une toile d’araignée jusqu’à ce que, voyant les moustiques qui voltigent en jouant du clairon, on finisse par ne pas trouver le courage de les appeler archanges.

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La vitalidad del hecho estético

 

La palabra poética, en posters en los andenes y en  letra impresa. Los poetas se multiplican y nos descubren ese umbral, donde pensar y sentir se unen : la poesía. Y en  esta cotidianeidad nuestra tan avara para el espíritu, surge como una señal.

Señal de la vitalidad del hecho estético. Señal de la falacia de quienes dicen que la poesía no vende. Señal de que hay varias maneras de expresar las cosas : con  palabras sin alas y lenguaje indigente, o con arte. Señal de que los aires de fin de siglo no están tan viciados, como para que el resplandor poético no los penetre.

Pharmaceutria, de Teócrito, data de principios del siglo III antes de Cristo y es el primer gran poema de amor que conoció la humanidad. Es un ardoroso monólogo de Simetha, dolorida por el abandono de Delfis : entrega y odio, desesperación y confianza,  aletean en esos versos. Fueron un suceso para las letras, por mérito de Teócrito ; y para la historia, por las  características que -gracias a la gran creación del período helenístico- tenía la sociedad griega de entonces.

En nuestra sociedad y en estos tiempos, la poesía no había tenido una convocatoria masiva, hasta ahora. Como si hubiera sido patrimonio -según la mirada- de bohemios o de elites.  Pero no : la poesía es para todos. Nos da una visión del mundo -al que equilibra- y es más sagaz que la inteligencia. Transforma  la realidad porque le saca la pátina opaca y revela ansia de trascendencia. Porque como el arte -ya que lo es- el amor o la religión, es un camino para la grandeza humana. Y se explica : nos ofrece algo que nadie pidió, pero de lo cual -si se le da lugar- no se puede prescindir

Tanto, por suerte, se escribió sobre ella. Para Gastón Bachelard es la humanidad condensada ; y para Octavio Paz, un erotismo verbal, así como el erotismo es una poética corporal. Pero la poesía es -por encima de todo- la vida ; y nos acerca a ella : aún a lo cotidiano. Lo bello del hombre es más grande que el hombre, nos auxilia Paul Eluard, para entender las debilidades humanas ; ...hay gestos que parecen eructos de almas enfermizas, recordamos con Thomas Eliot, cuando los automovilistas chocan, matan y se van ; entendemos la tristeza como un tobogán sin niños, en medio de una plaza rodeada por el viento,con Enrique Bossero ; o volamos con nuestra imaginación y  con los pájaros de la ternura ode los chiquillos enamorados, de Jacques Prèvert.

Cátulo en Roma, los poetas alejandrinos -como Calícamo y Safo- Salomón, San Juan de la Cruz, William Yeats, Vallejo, Hölderlin, Lorca...y tantos más del mundo, por gracia de Dios. Y Borges y la inmensa Olga Orozco ; y Roberto Juarroz y  Ewa Dominika...y tantos más de Argentina, también por gracia de Dios. Y nuestros poetas del subte, que hoy se asoman desde los andenes y nos hacen señales.

 ¿Un día la poesía será best seller ? Quizás la pretensión debería ser más modesta.  Por ejemplo, que los poetas argentinos -¡al menos !- no sean sólo una estampita escolar ; y  que no dejemos que las urgencias nos quiten el sueño -de noche- y los sueños, de día. Para hacerle un lugar y para  que -como escribió Oliverio Girondo- la vida no sea un largo embrutecimiento. Para que la costumbre no nos teja diariamente una telaraña en las pupilas, de manera que -aunque los mosquitos vuelen tocando las cornetas- carezcamos del coraje de llamarlos arcángeles.

 

cristinacastello.com/

 

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