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Écos des tatanes (Patrick Cintas)
Le pizzaiolo de la poésie
[E-mail] Article publié le 6 juillet 2014. oOo
Il y a pizza et pizza. Entre la pizza maison et la pizza du pizzaiolo, la différence est dans l’épaisseur. À la maison, on ne lésine pas sur la pâte et la garniture est abondante et sans lésine. Chez le pizzaiolo, la marge bénéficiaire est telle qu’on peut légitimement penser qu’on se fait avoir chaque fois qu’on s’abouche à cette crapulerie commerciale qui prétend être la norme tant en matière culinaire que culturelle. Mais cette métaphore ne serait pas parfaite si on ne lui accolait une anecdote tant véridique qu’édifiante. Ainsi, on racontait, devant la baraque du pizzaiolo, la suivante blague que d’ailleurs tout le monde connaissait : « Un jour, je rencontrai une vieille connaissance dans la rue. Il tenait en laisse un chien énorme, mais tranquille. Je le félicitai : — Cet animal est exceptionnel ! m’écriai-je. Et mon ami de répondre : — Si tu l’avais connu quand il avait une crinière…. » L’éclat de rire fut général, mais ne dépassa cependant point ce qu’il est convenu d’accorder à ce qu’on sait déjà. Pourtant, seul dans sa baraque, Jacques Brémond n’avait pas mis fin à son honnête joie. Il en pleurait sur la pâte. On le questionna, car il inquiétait : « Mais enfin, Jacquou ! Pourquoi ris-tu autant ! Sais-tu au moins ce que c’était, ce chien ? — Un tigre ! » |
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