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Gott hat von Ewigkeit her die absolute Musik ein für allemal komponiert, vollkommen vollendet. Wir Menschenkinder bemühen uns im Laufe eines Kulturäons, diese göttliche Vatersprache zu erlernen. Das Zwölftonspiel regelt die psychophysischen Voraussetzungen der reinen Intuition, die es allein ermöglicht, die ewige unveränderliche absolute Musik als Offenbarung der Weltordnung zu vernehmen. Die absolute, die kosmische Musik gestattet den tiefsten Einblick in das Weltgeschehen. Die Töne mit ihren Obertönen sind Sonnen mit ihren Planeten. Die Sonnensysteme âžtemperierenâÅ einander; ihre Spannungen ordnen sich mit zwingender Notwendigkeit zur Sphärenharmonie. Zwölftonspiele beinhalten Funktionen der Milchstraßensysteme, die motorische Formungszentren organischer Prozesse sind. Das ZwölftonâÅspielâÅ ist auch gleichzeitig ein OrakelâÅspielâÅ, wie es in dem uralten Weisheitsbuch der Chinesen, im Iging, überliefert ist. Josef Hauer.
2. Les auteurs du mois
Alexandra Bouge - Daniel de Culla - Flora Michèle Marin - Jean-Michel Guyot - Pradip Choudhuri - Françoise Huppertz - Harmonie Botella - Monsif Ouadai Saleh - Patrick Aspe - Thélison Aurélien. [Lire la suite...]
Direction de Pascal Leray avec les contributions d'André Villeneuve - Christophe Gallaire - Daniela Ivanovic - David Gallon - David Kantorovitz - Eva Kantorovitz - Guillaume Balzarini - Jean-Claude Cintas - Luciano Bruni - Patrick Cintas & Mel Bochner.
L’ouvrage collectif avait vocation à offrir au lecteur une traversée de la notion de série, dans ses différents héritages historiques. Un aperçu de la notion en linguistique était proposé par Jacqueline Picoche, un éclairage sur les incidences du sérialisme musical dans les domaines de l’art et de la littérature était proposé par Jean-Yves Bosseur. Les aspects historiques du terme n’étaient pas omis : le Cahier offrait, notamment, un extrait d’un texte de Proudhon, De la création de l’ordre dans l’humanité, où le philosophe développait une conception pansérielle de l’univers, influencée par Fourier mais s’inscrivant dans une logique qui devait influencer les sciences sociales dans leur ensemble.
Surtout, ce Cahier était l’occasion de découvrir des auteurs et artistes qui, d’une façon ou d’une autre, s’inscrivaient dans une pratique de la série : le scupteur George Ayvayan, l’écrivain et artiste Patrick Cintas, les poètes Guillaume Balzarini, Jean-Luc Vertut, Robert Vitton... Il ne s’agissait pas, pour autant, de mettre en évidence une quelconque « école sérielle » (ou néosérielle), chacun des intervenants s’inscrivant dans un rapport spécifique à la série, parfois même dans un non-rapport.
C’est que la série se présente sous deux aspects : elle est contrainte, combinatoire, exercice formel dans la dodécaphonie, dans l’art conceptuel américain de la seconde moitié du XXe siècle, dans la poésie de l’Oulipo et, en particulier, dans celle de Georges Pérec. Mais la série est d’abord un outil de description et sa dimension empirique ne devrait pas être tenue pour mineure. C’est, au-delà des procédures mises en avant dans les représentations courantes du sérialisme de Darmstadt, la tentative d’appréhension – et d’exploration – du fait musical qui caractérise les œuvres de Boulez, Nono, Stockhausen ou encore Maderna, et qui font éclater le strict cadre d’un système de génération entièrement rationalisé dont on a pu avoir l’illusion, un temps, permettant l’éclosion d’œuvres aussi fortes que la Deuxième sonate de Pierre Boulez, le Journal de Venise de Bruno Maderna ou encore le Mantra de Karkheinz Stockhausen.
L’empirie du sérialisme, c’est encore ce qui se dessine dans l’approche linguistique de la série. Non la constitution d’une forme a priori mais le dégagement de systèmes localisés, régionaux, partiels, la généralisation du principe de « série défective ». Ainsi peut-on dès aujourd’hui esquisser un nouveau champ du sérialisme, qui pose la contrainte non comme une méthode de composition ou d’écriture mais comme un fondement, une condition de la signification elle-même.
Le Yi jing
est-il sériel ?
On le dirait et pourtant, je crois qu’il n’y a dans le Yi jing pas plus de série que de poésie.
J’ai toujours du mal à dire à quoi sert le Yi jing,
à peu près autant que ce qu’est une série.
Cependant j’en fais, comme certains (du Yi jing), comme tout le monde (des séries), et de même j’écris des poèmes.
Quand Pascal Leray m’a proposé de contribuer à ce second numéro de la RAL,M consacré à la série en réfléchissant au thème « Yi jing
et série »,
je ne me suis pas mis à écrire un poème,
ni même à faire de tirages du Yi jing
une série.
Non, j’y ai promptement travaillé et j’ai commencé de rassembler des notes éparses. Mais par où que je m’y prenne non sans enthousiasme, ce n’était pas bien concluant et finalement, cela finissait toujours en poème […]
Toute répétition est qualifiée par un intervalle de temps – une distance entre
ce qui est énoncé et répété – nous suggérant une appréciation possible,
par mémoire et savoirs, des nuances entre ceci et cela.
*
Toute aussi pertinente serait une substitution de cet énoncé par le sonore :
accords, intervalles ou tout autre résonant ou matériau.
*
Tout aussi pertinent serait de le considérer
métaphoriquement, comme une idée musicale.
*
Une idée musicale sur laquelle œuvrer et, dans la répétition, en tirer ses nuances.
*
Le but étant, par la répétition, non seulement de varier le fixe mais aussi
d’appréhender, de mettre en évidence, autant de nuances depuis un point pivotant.
*
Qu’est-ce alors que la répétition ?
Divers états de changements, de nuances suggérées d’une idée, d’un matériau ?
Je n’ai aucune prédisposition, du moins permanente, pour les perceptions synesthésiques (l’audition colorée, la synopsie), et aucun goût particulier pour les correspondances. En revanche je travaillais avec quelques couleurs, une dizaine, que je connaissais bien. Je parle de couleurs réelles, faites avec les bons pigments que la Nature et la Science nous fournissent. D’abord intuitivement, j’organisai ces couleurs, je les distribuais, les répartissais, avec le sentiment d’être juste avec chacune d’elle, de n’en oublier aucune, de représenter chacune, ne serait-ce qu’infimement, dans chacune des parties du tableau. Mais je voulais tenter une expérience plus systématique et trouver un langage commun à la musique sérielle et, sinon à la peinture, en premier lieu à la couleur. Je décidai de peindre, non avec des couleurs, mais avec des séries de couleurs. [...]
— Peu… peu de peu… peu et peu encore… peu… un peu… deux peus… trois peus… etc. peu… en somme... peu… tout peu… soit peu… si peu... peu + peu + peu... des peus...
— Quoi peu ?
— Corps peu… œil peu… sein peu… jambe peu… main peu… pied peu…
— Quand peu ?
— Temps peu… c’est ça… nuit peu… jour peu… heure peu… minute aussi peu… et pourquoi peu ?
— Peu ?
— Peu !
— Qui peu ?
— Toi peu… Moi peu... NOUS peu… Il peu... elle peu... Tes peu… Mes peu… Sont peu… Mais peu...
— Et le nord... Peu-peu à qui peu-peu… peu pour peu que je peu... tu peu...
— Peu... Tu peu… sois peu... suis peu…
— Comment peu ?
— Si peu… tant peu… moins peu… dois peu… fais peu… si peu... […]
C’est peu de dire que Mel Bochner n’a pas, en France, la notoriété qu’une figure si importante de l’art contemporain devrait avoir. On se rassurera - si l’on ose dire - en généralisant cette situation à l’art conceptuel américain. Si le nom de Don Judd n’est pas complètement inconnu en France, celui de Sol LeWitt reste confiné à des cercles spécialisés. Quant à Carl Andre... Quant à Mel Bochner...
Sans doute Mel Bochner est-il le plus méconnu de tous, en France du moins. Et cette méconnaissance est doublement frappante : d’une part, parce qu’il a eu un rôle déterminant dans l’évolution de l’art américain, d’autre part parce qu’il est aux antipodes de ce conceptualisme étriqué qui a prétendu s’attaquer au langage sans de sérieuses compétences philosophiques et linguistiques.
Sans doute faut-il également voir dans l’absence de Bochner dans le paysage artistique français un effet d’époque. Témoin, le grand remaniement du Beaubourg l’année dernière. L’art américain n’y a qu’une place anecdotique et le courant conceptuel n’y existe tout simplement plus ! Un gardien, quand j’avais visité le nouveau dispositif des collections permanentes, m’avait expliqué qu’on les avait momentanément soustrait au spectateur au bénéfice d’une exposition temporaire. Pourquoi pas ? Il reste qu’un des courants majeurs de l’art du XXe siècle semble devoir faire les frais d’une revisite de l’histoire récente de l’art, dans un mouvement de balancier orienté vers le sensualisme acritique qui exclut, par principe, l’effrayante tabula rasa conceptuelle.
Mel Bochner est le théoricien de l’art sériel. Un art qui se définit à la fois dans la logique amorcée par Marcel Duchamp - le refus d’une conception esthétique de l’art - et dans une référence constante au sérialisme musical. Cette conjonction n’est pas anecdotique : il est en effet frappant de voir aujourd’hui combien la dogmatique sérielle fait office de repoussoir dans un champ musical qui serait désormais « libéré des -ismes ». En art comme en musique, la série - et plus encore le sérialisme - font peur. En art comme en musique, on ne s’intéresse plus tant aux oeuvres qu’aux fables qui les entourent, ce qui permet de se convaincre qu’ici comme ailleurs « le sérialisme est une impasse ».
Mel Bochner est d’abord un artiste de la pensée. Et c’est sans doute la grande – et rare – réussite de l’art conceptuel dans ses formes les plus avancées. A ce titre, Mel Bochner reste très proche de Marcel Duchamp : l’œuvre se joue d’abord dans le champ de la pensée. Mais d’une pensée jamais assise, où l’affirmation la plus appuyée recèle bien souvent un double-fond.
Il nous reste à remercier l’artiste de nous avoir permis de présenter – et je dois dire « hélas » en exclusivité – quelques pièces quasi inédites (parlera-t-on, à l’instar du monde de la musique, d’une « création française » ?) d’une œuvre qu’on peut, sans excessive déférence, qualifier de majeure pour nous aujourd’hui. Et à espérer que cette modeste et trop lapidaire présentation ne soit que le prélude à une redécouverte qui pourrait être quelque chose comme la réconciltation d’une époque (la nôtre) avec une chose qui semble si mal considérée aujourd’hui : la pensée. (Pascal Leray)
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Une des 30 planches présentées par Mel Brochner dans le Cahier
Yang, yang, yang, yang, yin, yang.
Ou
Un, un, un, un, zéro, un.
Ou
Ciel, ciel, ciel, ciel, terre, ciel.
Ou
Blanc, blanc, blanc, blanc, noir, blanc.
Ou
Prise, prise, prise, prise, étendue, prise.
Ou
Avoir, avoir, avoir, avoir, posséder, avoir.
Ou
Faute à voir a priori, faute à voir a priori, faute à voir a priori, faute à voir a priori, sans faute avoir après, faute à voir a priori.
Et
Poids et profit fonction, poids et profit fonction, poids et profit fonction, poids et profit fonction, de la sagesse du stratège, poids et profit fonction.
Et
A offrande princière, à offrande princière, à offrande princière, à offrande princière, grand prince offrant, à offrande princière.
Et
Faute d’ampleur, faute d’ampleur, faute d’ampleur, faute d’ampleur, le distinguer sans faute, faute d’ampleur.
Et
Du respect du bonheur, du respect du bonheur, du respect du bonheur, du respect du bonheur, en relie en impose, du respect du bonheur.
Et
Soumis à l’aide on en profite, soumis à l’aide on en profite, soumis à l’aide on en profite, soumis à l’aide on en profite, pour posséder mais sans avoir, soumis à l’aide on en profite.
De pas en pas
De pas de danse
En pas de visse
Patatras
Me voilà un brin emprunté dans mes pas
Qui me semblaient pas si mal
Mais patatras mes pas me mènent dans le square
Dans le fameux Square des Séries
Voilà ti pas
Que je me prends les pieds dans la moquette
Moquette feuillotante en série de feuilles automnales
Du marron aux jaunes des plus pâles au plus salaces
Parfois même parvenu au stade de décomposition
Ces feuilles sont le terreau régénérateur des séries
Voilà que je le piétine sous mes pas
Voilà que je me prends les pieds dans leur masse
Moquette sériellement tachetée du Square des Séries
Je ne sais qui je suis
J’ironise
Pas du tout
Patatras Square des Séries c’est là, la question qu’on vient se poser
Sérieux pataquès dans la pastèque
Si série il y a
Série de patatras […]
Je fume joint sur joint ils sont si infinis et c’est la nuit,
Je tire ligne sur ligne comme je respire sur la nuit que j’écris,
J’aspire à écrire des lignes ni de nuit ni de joint mais
De vers de poèmes aux longs vers aux longs cours, cours toujours
Jusqu’au bout du jour au bout du joint de la ligne c’est la nuit
Longue de jours pleins de vers qui s’étirent et que j’écris
Pour ne pas crier pourtant ça fait du bien d’écrier non mais
D’écrire de rire alors passe-passe-moi ce jour qui tourne toujours…
Pour fumer joint sur jour tou sur jours toute la ligne la nuit
Et que ça sonne ¡ sí señor ! yo también c’est la vie que j’écris
Que j’écrie que j’écume rime à rime non sans crime mais
Voilà pour que ça sonne ça re-sonne ça résonne je répète toujours
Je fume joint sur joint ils sont si infinis et c’est la nuit
Des pétards du 14 juillet jusqu’au bout de la ligne que j’écris. […]
La série ne signifie pas la mort de la mélodie. Mais elle liquide le principe d’harmonie.
À l’harmonie, elle substitue le chaos. Et c’est ainsi qu’il faut concevoir le champ des verticalités dans l’espace sériel.
On ne retrouve rien de ce qui structure l’harmonie dans l’ordre des séries. Aucun rapport obligé, aucun rapport privilégié a priori.
La mélodie est contrainte par la série mais son principe n’est pas même altéré. Qu’il y ait de belles mélodies dodécaphoniques, tant Webern que Boulez en ont donné la preuve, le premier dans ses cantates, le second à travers « La complainte du lézard amoureux », son jardin secret.
En revanche, la série ne retrouve pas l’harmonie. Elle l’anéantit. Car tous les rapports de verticalité qu’elle rend possibles sont également arbitraires et virtuellement illimités. […]
La série ne signifie pas la mort de la mélodie. Mais elle liquide le principe d’harmonie.
À l’harmonie, elle substitue le chaos. Et c’est ainsi qu’il faut concevoir le champ des verticalités dans l’espace sériel.
On ne retrouve rien de ce qui structure l’harmonie dans l’ordre des séries. Aucun rapport obligé, aucun rapport privilégié a priori.
La mélodie est contrainte par la série mais son principe n’est pas même altéré. Qu’il y ait de belles mélodies dodécaphoniques, tant Webern que Boulez en ont donné la preuve, le premier dans ses cantates, le second à travers « La complainte du lézard amoureux », son jardin secret.
En revanche, la série ne retrouve pas l’harmonie. Elle l’anéantit. Car tous les rapports de verticalité qu’elle rend possibles sont également arbitraires et virtuellement illimités.
Aucune hiérarchie possible (a priori). L’harmonie est un numen et de numen, il n’y a pas dans l’ordre des séries.
Il est possible de replier la série sur elle-même, par exemple. Vous prendrez votre série par grappes de deux, trois, quatre notes. Vous obtiendrez des « accords » qui ne sont réellement que des agrégats – car ils ne s’organisent entre eux qu’accidentellement.
On peut déclencher simultanément plusieurs transpositions de la série. Cette solution implique un degré minimal d’organisation de l’espace vertical : le parallélisme strict.
La même série est alors employée comme un seul bloc qui entretiendra invariablement le même rapport d’intervalle. Voilà qui donne une certaine consistance à la série de base. Mais cela ne constitue pas une harmonie.
Mais les séries peuvent encore se déclencher indépendamment l’une de l’autre ! Là encore, aucun principe ne viendra étayer la superposition de deux ou plusieurs points de la série, confrontée à elle-même ou à l’une de ses transpositions.
La figure de l’écrivain ne fait pas que des envieux ; elle fait aussi beaucoup jaser. Ces cancans suivent en général le schéma suivant :
— l’hypothèse, qu’on peut aussi qualifier de zone des intentions ;
— la démonstration, ou le texte lui-même ;
— la conclusion, reconnaissance ou son contraire.
Interrogez un écrivain sur son art, c’est selon ce chemin tout tracé qu’il s’exprime :
— il établit d’abord les détails de sa posture, du point de vue moral ou esthétique, ou des deux ; en principe, il est contre quelque chose, par exemple parce que ça fait du bruit et que lui, il est pour le silence ;
— il donne à lire son texte comme propriété privée à respecter moralement sous peine de poursuites judiciaires, rarement littéraires ;
— il étale les preuves de sa suffisance ou les réelles consécrations qui l’ont honoré.
Pourquoi s’étonner alors que le lecteur suive le même chemin pour donner son opinion de lecteur ?
— la posture initiale de l’écrivain ne lui convient pas, il en tire la conclusion que l’écrivain est mauvais ou en tout cas inutile ; un écrivain pornographique ne peut séduire un lecteur puritain que dans le secret de l’alcôve, sinon il y a maldonne.
Mais un autre écrivain emprunte aussi cette voix triangulaire :
— les intentions de l’écrivain qu’il juge sont immorales selon lui ? Il rejette cet intrus avant même de l’avoir laissé entrer. C’est contraire à son idée personnelle de la beauté ? Même rejet sans suite à donner.
Or, ce n’est évidemment pas au niveau des intentions qu’il faut arrêter son jugement et prononcer sa sentence.